LE LÉROT.
L e Lérot est par rapport au Loir ce qu’est la Fouine par rapport à la Martela
Souris par rapport au Mulot; il se loge près de nous, profite de notre industrie,
vit a nos dépens, tandis que le Loir habite les forêts , cherche la solitude
et se nourrit de fruits sauvages; l’un trouve sans doute dans l’abondance un dédommagement
aux craintes et aux dangers qui l’environnent sans cesse, et l’autre d a n s
sa securité et son indépendance, le prix de sa frugalité.
m m S m a P°rté H d" L陑 | ™ e en parasite ne saurait cependant
être attribuée a un instinct particulier; les fruits de nos vergers sont des produits de
1 art, et les instincts sont des penchans naturels que les animaux ne peuvent avoir
reçus que pour des conditions qui le sont elles-mêmes. C’est donc au moyen de sa
seule intelligence que le Lérot s’est rapproché de nous; il a apprécié les conditions
de 1 existence nouvelle que nous lui offrons; il a appris à se soustraire à celles oui
pourraient lui être nuisibles et à profiter de celles qui pourraient lui être favorables
, et il la fait même à un tel point que, malgré la chasse perpétuelle qu’on lui
fait a cause des nombreux dégâts qu’il nous cause, on n'est parvenu ni à le détruire
ni a eloigner et toute notre industrie n’a pu prévaloir contre sa prudence. Mais
cette lutte est établie depuis si long-tems, l’espèce du Lérot est contrainte depuis tant
de générations à vivre dans ces conditions artificielles créées par nous autour d’elle
que 1 art avec lequel elle échappe à nos pièges, trompe notre surveillance et prend
sa part de nos meilleurs fruits, est devenu pour elle une seconde nature- elle
1 exerce comme-par instinct, et elle périrait peut-être si elle était transportée tout
a coup au milieu des circonstances très-simples qui durent être dans l’origine celles
qui convenaient à ses organes, à ses penchans et à son intelligence. Ainsi tout se
modifie, tout change chez les êtres vivans, par une action réciproque; des conditions
nouvelles amènent de nouvelles actions et de nouvelles habitudes- la
nécessité développe les ressources , les facultés s’accroissent par le besoin, et tel
animal qui, sans intelligence, loin de nous se nourrissait sans peine, élevait sa
famille sans inquiétude, dormait sans crainte, devient sous notre influence prudent,
rusé, et nous offre des combinaisons intellectuelles tellement compliquées que, si
nous le comparions avec ce qu’il était auparavant, nous né pourrions le reconnaître,
et serions conduits à voir en lui deux espèces pourvues dç qualités essentiellement
différentes. G’est aussi par-là que tout se conserve et se perpétue, et que
1 harmonie subsiste au milieu de tout ce qui semblerait devoir la détruire.
Le Lérot est un peu plus petit que le Loir; il a environ trois pouces et demi
epuis 1 occiput à l’origine de la queue; sa tête a un pouce et demi, et sa queue