LE MONJOUROU.
I l y a peu d’années qu’on ne connaissait encore que deux espèces de Musaraignes-
la Musette, connue de tout tems, est la Musaraigne d’eau, découverte par Dauben-
lon ( Mém. de l’Acad. des Sciences, année 1756 ) ; depuis, plusieurs autres espèces ont
été découvertes en France par MM. Hermann, Geoffroy, etc. ; une nous est venue
du cap de Bonne-Espérance ; et c’est à Sonnerai que l’on doit les' premières notions
qu’on a eues sur celle dont nous donnons aujourd’hui la figure sous le nom de
Monjourou. Ainsi, les Musaraignes paraissent être répandues dans tout l’ancien
continent ; et c’est sans doute à la petitesse de leur taille qu’il faut attribuer le
petit nombre d’espèces d’Asie et d’Afrique qui nous sont connues ; il est même
vraisemblable que le nombre de celles d’Europe s’augmenterait si l’on faisait sur ces
animaux, dans les autres contrées de cette partie du monde, des recherches analogues
à celles qui ont eu lieu en France. Jusqu’à présent le Nouveau-Monde n’avait point
contribué à enrichir ce groupe d’insectivores; mais il n’y doit point rester étranger.
Hearne (T. n , p. 221 de la traduction française) parlait d’une Musaraigne; °sur
l’existence de laquelle il pouvait encore rester des doutes. Nous avons enfin reçu
de M. Lesueur une'espèce de Musaraigne des États-Unis, qui permet de penser,
contre l’opinion de BufFon, que ce genre, comme beaucoup d’autres, est cosmopolite,
et que sa nature comporte tous les climats, toutes les températures, toutes
les influences.
Le Monjourou paraît être très-répandu dans les régions méridionales de l’Asie,
«t se rencontrer dans une partie des îles de l’Archipel indien et même à l’Ile d^
France. Toute son organisation est semblable à celle de la Musaraigne commune,
c’est-à-dire de la Musette, à la description de laquelle nous renvoyons pour ce qui
tient aux caractères génériques.
Son pelage et ses couleurs, c’est-à-dire ses traits spécifiques, consistent dans <les
poils d’un beau gris, qui, dans quelques individus, prennent une teinte roussâtre ;
ses incisives sont entièrement blanches ; sa queue est ronde et non point tétragone,
comme celle de quelques autres espèces; mais le caractère qui distingue cet animal
est sa grande taille, de laquelle la taille d’aucune autre Musaraigne n’approche; il a
cinq pouces de longueur, de l’extrémité du museau à l’origine de la queue; celle-ci
a quatre pouces.
C est Buffon (Supp. T. v i i , fig. 71) qui a le premier fait connaître le Monjourou sous
!! n0ra de Musaraigne.de l’Inde, en publiant l’individu qu’il devait à Sonnerai.
epuis, M. Leschenault en a envoyé plusieurs individus au cabinet du Muséum,
et cest dans les notes dont il les accompagne qu’il nous apprend que le nom ma