naient par quatre doigts , armés d’ongles fouisseurs très-longs ; les deux doigts
externes étaient les plus courts, et les deux moyens à peu près d’égale longueur.
A l’extrémité de chaque doigt, au-dessous, on voyait un bourrelet épais et de
forme ovale ; et la paume était elle-même garnie, dans toute sa largeur-, d’un
tubercule sur lequel un sillon formait en arrière un lobe triangulaire. Toute la
plante, jusqu’au talon, était nue, et à la base des doigts se trouvait aussi un
large tubercule divisé en trois lobes par deux sillons profonds : le lobe externe,
qui ne répond qu’au doigt du même côté, est étroit et allongé; le moyen est
triangulaire et correspond, par un de ses côtés, avec les deux grands doigts5 et
le troisième approche aussi de la forme d’un triangle, et touche, par un de ses
angles, l’origine du quatrième doigt. Toutes ces parties sont revêtues d’une peau
fort douce, et exactement organisée comme la peau des mains de l’homme. Le
pelage se compose de poils soyeux et de poils laineux assez doux ; mais les
premiers sont beaucoup moins*fournis que les autres, et ils sont plus courts sur
le museau que sur toutes les autres parties du corps : la lèvre supérieure et le
dessus de l’oeil sont garnis de moustaches, et lgi queue est terminée par une
mèche de poils.
Toutes les différences d’organisation que nous venons de faire remarquer entre
le Suricate et les Mammifères, avec lesquels il a le plus de ressemblance, devaient
naturellement être suivies de penchants et d’habitudes particulières à cet animal;
e t, en effet, ses allures naturelles semblent encore moins rappeler les Putois ou
les Mangoustes que ses formes générales; il ne va pas comme eux la tête basse,
le corps allongé et avec la rapidité d’une flèche; il se meut, au contraire, le
corps voûté, et quoique sans lenteur, non pas cependant avec cette uniformité
de mouvement par laquelle les autres semblent plutôt glisser que courir. Il pose
à terre la plante presque entière du pied ; aussi se tient-il facilement debout sur
ses jambes de derrière ; ce qu’il fait lorsqu’il veut voir de loin, et quelquefois
lorsqu’il porte ses aliments à sa bouche avec ses pieds de devant. Le sens de
l’odorat est son guide principal ; il va sans cesse furetant en portant son nez
mobile dans tous les creux : dès qu’il trouve un objet dont l’odeur le frappe, il
le saisit avec ses mains, le retourne de tous les côtés, le flaire et le mange, si
c’est un insecte, un vm y -P.tr. T.es—&arts~~strcrés~nèriûi déplaisent point, mais
il préfère les matières animales : le lait, les oeufs, la chair d’oiseaux. Il boit
en lapant. Il ne paraît point souffrir de la lumière, et voit cependant dans
l’obscurité. Son ouïe n’est sans doute pour lui que d’un faible secours, vu le
peu d’étendue et de mobilité de sa conque auditive, et la prédominance que
l’odorat'a dû prendre sur tous les autres sens, non-seulement par le plus grand
développement des parties qui en sont le siège, mais encore par l’usage plus
fréquent que l’animal en a fait. Comme chez la plupart des autres Mammifères,
son sens du toucher réside sans doute principalement dans ses poils soyeux, et,
pour sa tête en particulier, dans ses moustaches ; il doit aussi tirer quelques
perceptions tactiles de la peau nue et douce qui revêt la paume de ses mains et
la plante de ses pieds. Enfin du grand développement du cerveau du Suricate
résulte une très-grande facilité à l’apprivoiser; c’est-à-dire qu’il acquiert nettement
la notion des circonstances où il se trouve, et du degré de confiance
qu’il doit leur accorder : il parcourt, comme un Chat, la maison qu’il habite, et
ne s’égare point; il est de plus susceptible d’affection, et par conséquentide
haine : il reconnaît les personnes qui le soignent, s’attache à elles, et se plaît à
leurs caresses; mais ,1 garde rancune à ceux qui lui ont fait du mal, et se venge
toutes les fois que 1 occasion est favorables ¡1 est même susceptible de telles préventions,
que les meilleurs traitements ne peuvent les effacer. Cette espèce se
trouve dans 1 Afrique méridionale. C’est par erreur que Buffon la fait venir
dAmerique.
Le pelage de cet animal était entièrement d’un brun-terne, un peu plus fauve
aux parties postérieures qu’aux autres, et coupé de bandes transversales assez légères
principalement le long du dos, ces bandes étaient produites par la disposition des
anneaux colores des poils : ceux du dos, des épaules, du cou et des côtés étaient
gris sur leur morne inférieure, ensuite venait un anneau noir, suivi d’un autre
plus petit, dun jaune-pâle; leur bout était noir. Ceux de la croupe étaient
termines par du fauve; ceux de la queue étaient bruns sur toute leur longueur,
mais son extrémité était nome. Les membres avaient une teinte argentée. La peau
était dune cou eur tannée, et c’était celle de toutes les parties nues. L’iris était
du brun du pelage.
Voici ses dimensions principales.
Longueur du bout du museau à l’origine de llaa qmuieeunee. ................................ P°1”0“ ' L~ifT “ ‘
— de la queue. .................... ...
Hauteur à l’épaule. . . . . . . < • . . . . . . . . . . . 7 • • • - *
----------- ai lta croupe.......................... ................. 6 . . . . i
Longueur de la tête, de l’occiput aux narines. . . ................. ' \ " ’ 3 ' " " ^
Distance de l'extrémité de la mSchoire inférieure au bout d u museau.' ' ' ' ' s
Des détails qui précèdent, et autant qu’on en peut juger par l’examen des seuls
organes extérieurs, il me paraît que cette espèce commence à remplir le vide
qui se trouvait encore entre les Carnassiers, proprement dits, et les Plantigrades:
ses dents sont plus tuberculeuses que celles des Mangoustes, et moins que celles
des Coatis; quoique l’organisation de son pied de derrière, abstraction faite du
nombre des doigts, soit la même que celle du pied des Mangoustes, la plante
nest quii demi nue chez ces derniers, et elle l’est entièrement.chez le Suricate,
comme chez le Coati; et, de même encore que ce dernier animal, le Suricate a
un nez qui se prolonge fort au delà des mâchoires; enfin sa langue, garnie de
papilles cornees dans son milieu seulement, et très - douce sur les bords, se
rapproche^des Mangoustes par le premier de ces caractères, et des Coatis par le
second. Si* le Suricate ne remplit donc pas entièrement le vide dont nous venons
de parler, il serait certainement rempli par quelques légères modifications de
plus; de sorte que la seule découverte d’un nouveau genre pourrait tellement
reunir ces deux groupes de Carnassiers, qu’on n’aurait plus de caractères tranchés
pour les séparer : ce qui confirmerait l’idée que j ’ai émise dans mon travail
sur les dents, que le sous-ordre des Plantigrades n’est point naturel, et que ces
animaux doivent nécessairement terminer ou commencer la série d’un des embran-
chements des véritables Carnassiers.
La figure du Suricate de Buffon rend assez bien l’allongement du museau-
mais les bandes colorées du corps sont trop distinctes et les membres beaucoup
rop courts; défaut qui est encore rendu plus sensible par les longs poils qui
garnissent les jambes de devant. Cet animal est le Viverra Suricata d’Erxleben
m Vwerra Tetradactyla de Schreber et de Gmelin , le Suricate Viverrin de