si bien entrelacés, qu’il semble faire partie de l’arbre même. Ils y passent à dormir
une partie du jour, et en sortent le soir pour s’ébattre en sautant de branche en
branche, et en poussant de petits cris aigus qui les font d’abord reconnaître. Ces
animaux commencent à ressentir les besoins de l’amour au commencement du
printemps, et ils mettent au monde cinq ou six petits vers le mois de juin : car on
ne sait pas exactement la durée de la gestation. Ils ont le plus grand soin de leur
progéniture. Le père et la mère s’en.occupent également; et, quoique élevés, les
petits ne quittent leurs parents qu’au printemps suivant, pour travailler eux-mêmes
à se former une famille. Lorsque les jeunes Écureuils cessent d’avoir besoin de
secours, lorsqu’ils peuvent commencer eux-mêmes à suffire à leurs besoins, les
vieux s’occupent à faire des provisions pour l’hiver. Dans cette vue, ils choisissent
plusieurs creux dans les arbres voisins de leur gîte, et les remplissent des fruits et
des graines dont ils font leur nourriture habituelle; et, dès que la terre est dépouillée,
ils y ont recours, et savent fort bien les retrouver sous la neige, qu ils écartent
avec leurs pâtes. La nature les a donc abondamment pourvus de moyens propres
à se procurer leur nourriture et à élever leur famille ; elle les a aussi instruits à
éviter les dangers qu’ils ne peuvent braver, elles ennemis qu’ils ne peuvent combattre.
Dans nos contrées, l’Écureuil n’a guère à craindre que les Chats sauvages,
les oiseaux de proie et les chasseurs. Tant qu’il reste dans son nid, toujours si bien
caché ou déguisé, que l’oeil le plus exercé ne peut l’apercevoir, il est à peu près
garanti de tout danger ; et s’il en sort, sa bonne vue lui fait d’abord apercevoir l’en,
nemi qui pourrait le menacer; alors, pour l’éviter, il a le plus grand soin de se
mettre du côté de la branche qui lui est opposée : si le danger se montre ,djjn côté
de l’arbre, il va de l’autre, et tourne ainsi continuellement jusqu’à ce qu il n ait plus
de sujet de crainte. Lorsqu’il va d’une branche à l’autre avec rapidité, il semble
plutôt voler que courir; et tous ses mouvements sont brusques et arrêtés.
C’est un animal d’une extrême propreté; on le voit sans cesse occupé à lustrer
son pelage avec ses pâtes de devant; jamais il ne salit son nid ou sa bauge;
il se tient habituellement assis sur le derrière , la queue relevée en panache sur
sa tête, et il porte ses aliments à sa bouche avec les mains. Autant il grimpe
avec facilité, autant il marche mal. Lorsqu’il est à terre, il n’avance que par sauts,
et en galopant, à cause de la longueur de ses membres postérieurs. Sa voix consiste
dans un cri très-aigu, et on l’entend quelquefois faire un murmure continu
dont on ne paraît point encore avoir apprécié la cause.
Cet Écureuil est roux sur toutes les parties supérieures du corps, excepté sur
les côtés, où l’on voit du gris, qui résulte de poils jaunâtres annelés de noir; les
parties inférieures sont d’un beau blanc, et le bord des oreilles est garni de
longs poils qui les dépassent de beaucoup, et y forment une sorte de brosse. Les
poils soyeux, ainsi que les laineux, sont épais, .gris à leur base, et dans le reste
de leur longueur, de la couleur des parties de l’animal qu’ils revêtent. Les moustaches
sont également fauves.
Voici les dimensions de l’individu mâle, jeune encore, que j ’ai fait représenter:
Longueur du corps, de l’origine de la queue à l’occipur
de la tète, de l’occiput au bout du museau .
-------------- de la queue............................................................
Hauteur du train de d e v an t................................................
Tout ce que j ai dit du naturel de l’Écureuil de la Caroline convient entièrement
à l’Écureuil commun $ et il en est de même de ce qui concerne les organes
des sens, du mouvement de la manducation et de la génération, à la description
desquels je renvoie, afin de ne point me répéter inutilement.
Cette espèce d’Êcureuil n’a jamais cessé d’être connue, et a porté chez les
Grecs et les Latins le même nom qu’elle porte chez nous; et si toutes les figures
qu’on en a données ne sont pas également bonnes, toutes du moins rappellent
bien sa physionomie générale. C’est le Sciurus vulgaris des Catalogues méthodiques.
Novembre 1820.