LE COCHON DOMESTIQUE,
VARIÉTÉ DE LA CHINE.
O n a généralement admis que toutes les variétés de Cochons domestiques ont
pour origine l’espèce du Sanglier commun; mais cette idée est loin d’avoir été
démontrée, cest-à-dire déduite de l’observation de ces divers animaux; les faits
sur lesquels elle repose sont même en si petit nombre, qu’elle n’est véritablement
que conjecturale : le principal, c’est que la plupart de ces variétés se fécondent,
mutuellement, et sont fécondées par l’espèce du Sanglier; mais nous avons déjà
vu que ce fait est loin d’emporter toutes les conséquences que Buffon en avait
tirées; et il est très-douteux que les autres espèces de ce genre que nous connaissons
peu, mais qui existent certainement, ne présentent pas le même phénomène,
soit avec nos variétés commîmes, soit avec celles des contrées voisines
de celles que ces espèces habitent. Des observations nouvelles sont donc indispensables
et doivent être nombreuses, si le problème qu’elles ont pour objet peut
être résolu ; car les naturalistes ne connaissent encore exactement qu’un très-
petit nombre de Cochons domestiques, et ils n’ont examiné en détail qu’une
seule espèce de Sanglier, celle qui est commune dans nos forêts. Mais', quand
même ces recherches ne changeraient rien aux idées reçues aujourd’hui, elles
auraient l’important avantage de nous faire connaître les limites de l’influence de
la domesticité sur la seule espèce de Paquiderme que l’homme se soit associé en
la soumettant ; limites qui, bien reconnues pour toutes les espèces d’animaux
domestiques, pourront seules servir de base aux lois de la distinction des espèces,
c’est-à-dire aux principes sur lesquels toute l’Histoire naturelle repose.
Le Cochon de Chine, dont nous donnons aujourd’hui la figure, est une femelle
qui a été ramenée, en Europe par M. le capitaine Houssard; elle est remarquable
par l’épaisseur du corps, la brièveté et la force des membres, mais surtout par
les proportions du museau et du front : l’un semble s’être raccourci comme l’autre
s’est développé ; ce qui rappellerait les variétés du Dogue dans l’espèce du Chien.
Les oreilles sont courtes, droites, mobiles, et tout-à-fait semblables à celles d’une
race voisine de l’état sauvage; phénomène non moins remarquable que le précédent,
qui annonce au contraire une race dés long-temps soumise à l’empire de
l’homme ; mais sans doute placée dans des circonstances très-différentes de celles