par leur instinct à rechercher cet élément$ les autres n’y sont poussés que par
l’éducation $ sans elle, ils vivraient à la manière de tous les autres Chiens '9 mais
elle a sur eux une influence qu’elle n’aurait point sur ceux-ci, dans tout ce qui
a rapport à la faculté que nous considérons actuellement.
Cette facilité qu’ils présentent par une éducation particulière est encore favorisée
par le développement considérable de leurs organes cérébraux 5 car leur
tête se rapproche, par les formes, de celle des Epagneuls. Leurs proportions
sont élancées, et leur taille est svelte et élevée^ aussi ont-ils de la force, et leurs
mouvements sont faciles et légers. Leur pelage est généralement long, touffu, et
composé des deux sortes de poils, mais en quantité bien moindre que ceux qui
constituent le pelage des Chiens des Eskimauxj ils ne relèvent point leur queue,
et la portent à la manière des Loups et des Renards j et la race de la Ménagerie
du Roi a un quatrième doigt aux pieds de derrière, mais imparfaitement développé,
et des oreilles entièrement tombantes. J’ai pu aussi remarquer que l’odeur
du Loup n’a pour cette race rien de repoussant, et que cet animal ne lui inspire
point la terreur que d’autres éprouvent si fortement dès qu’elles ont le sentiment
de sa présence. Il semblerait, au contraire, qu’il y a au moins entre ces animaux
une haine réciproque : dès que nos Chiens de Terre-Neuve s’approchent des Loups,
ils entrent en fureur ; et, sans les grilles qui les séparent, ils leur livreraient des
combats à mort.
Ainsi ces Chiens réunissent à un point remarquable le courage à l’intelligence,
la force à l’agilité, la docilité à l’attachement. Ils pourraient être dressés à la
garde des troupeaux, comme à la chasse : fidèles à leur maître, ils le défendraient
au péril de leur viej et, placés en sentinelles sur les bords industrieux de nos
rivières , sur nos embarcations de toute espèce , ils arracheraient à la mort le
malheureux que les flots seraient près d’engloutir. Quels Chiens mériteraient
mieux que ceux-là les soins, l’attachement et la reconnaissance de l’homme?