2 LE RENARD TRICOLOR.
c’est-à-dire par une figure très - imparfaite, dessinée, suivant toute apparence,
d’après un animal empaillé, et par une description de couleurs.
L’individu que nous avons fait représenter avait été envoyé de New-Yorck à
la Ménagerie du Roi par M. Milbert, dont nous avons déjà eu si souvent occasion
de reconnaître le zèle et les services 5 il était fort jeune; sa seconde dentition
n’était point encore faite 5 et c’est dans le travail du développement des
secondes canines, toujours si pénible et si dangereux pour les animaux sauvages
en captivité, que nous l’avons perdu. Sans être méchant, il n’était point familier;
mais sa jolie taille, la facilité de ses mouvements, et surtout les teintes douces
et brillantes de son pelage, en auraient fait un animal fort agréable, sans la mauvaise
odeur qu’il répandait, et qui Sans doute serait devenue beaucoup plus forte
avec l’âge. Sa tête, sur le chanfrein, autour'des yeux, et de là jusqu’au bord
interne des oreilles, était d’un gris-roussâtre. Le reste du museau était blanc et
noir ; c’est-à-dire qu’on voyait sur la lèvre supérieure un peu de blanc immédiatement
après le mufle, puis une large tache noire, et ensuite du blanc qui
venait, en passant derrière la bouche, se réunir sous la mâchoire inférieure avec
la partie blanche du côté opposé. Le bout de cette dernière mâchoire avait un peu
de blanc, qui était suivi de noir correspondant avec la tache de la lèvre opposée;
le blanc reparaissait après; et cette dernière couleur, teinte d’un peu de jaune,
descendait sur le haut du dessous du cou, et paraissait sur la poitrine. La partie
postérieure des mâchoires était d’un fauve-clair, l’intérieur de l’oreille blanc, et sa
face externe d’un fauve-brunâtre. Les côtés et le milieu du dessous du cou étaient
d’un fauve-brillant, et le dessus du cou, l’épaule jusqu’au coude, le dos, la croupe,
la cuisse et une partie de la jambe d’un beau gris-argentin. Les côtés du corps
étaient d’un gris plus clair; le ventre et la face interne des membres d’un fauve-
pâle; la face externe des jambes de devant avait du gris, et celle des jambes de
derrière, du brun. Le bord de la fesse, les côtés et le dessous de la queue étaient
d’un beau fauve; mais le dessus de celle-ci était noir, bordé de gris, et son
extrémité entièrement noire.
Ce pelage se composait de poils laineux en très-grande quantité, généralement
d’un gris-pâle, mais prenant à leur extrémité une teinte rousse dans les endroits
de cette couleur; et de poils soyeux, très-courts sur le museau et les pâtes, et
très-longs sur les autres parties, mais assez rares.
Dans les parties grises, ils étaient blancs à la racine; puis venait un large
anneau noir, qui était suivi d’un petit anneau blanc, et leur pointe était noire.
Dans les parties rousses, tout ce qui venait après le grand anneau noir était
roux; dans les parties blanches, les poils étaient entièrement de cette couleur; et
dans les noires, ils étaient blancs à leur extrémité inférieure, et noirs à leur autre
moitié. Les ongles et toutes les parties nues étaient noirs; l’iris était d’un brun-
roux.
Telle était la distribution des couleurs sur ce jeune animal ; distribution dans
laquelle on trouverait en quelque sorte un caractère générique, tant la nature
des espèces qui composent le genre des Chiens est identique. Nous ne dirons rien
des organes principaux de celle-ci, qui appartient à la subdivision des Renards
par la forme de sa pupille allongée verticalement ; ces organes ne différaient en
rien de ceux des Chiens, que nous avons fait connaître en substance à l’article
du Chacal.
LE RENARD TRICOLOR. 3
Voici ses dimensions principales :
Longueur du corps, de l’occiput à l’origiue de la queue. . .................................... " * P°n“ ''
de la té te , de l’occiput au bout du museau..............................
:----- de la queue. ...................................................................... » . . . . 4
Hauteur, du sol à la partie moyenne du dos " 1 • • • . » - ,». . . . h
Nous avons déjà dit quon devait la connaissance du Renard tricolor à Schreber
Il lui donne dans la figure le nom de Canis cinereo-argenteus, et dans le texte
celui de Canis gnseus; il parait que c’est le premier de ces noms qui sera adopté
dans les Catalogues méthodiques. M. Dazara paraîtrait aussi parler de cette espèce
de Renard sous le nom d'Aguarachay (Anim. du Paraguay, t. 1 p. il s;
un genre aussi naturel on ne devait pas toujours cramdre de se tromper, en
admettant une identité spécifique entre deux individus dont on n’a de l’un qu’un"
simple descnptio^ et surtout lorsque cette description diffère en quelques point!
de 1 objet auquel on la compare, et qu’elle a été faite dans une contrée au"“
eloignee de celle doù cet objet a été tiré, que l’est le Paraguay, où M. Dazara
a vu lAguarachay, des contrées moyennes de l’Amérique septentrionale, où se
trouve le Renard que nous venons de décrire. Nous ne donnerons donc pas ici
cet Aguarachay comme étant de la même espèce que le Renard tricolor, quoique
nous ayons pu le faire dans le Dictionnaire des Sciences naturelles : cet o u v r l!
n avait d autre but que de faire connaître les idées reçues; celui-ci a de plus pour
objet d avancer la science, et toute erreur de synonymie tendrait directement à
produire un effet contraire.