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KIODOTE
J ’a i formé, sous le nom de M a c r o g l o s s e , un genre nouveau de cette singulière
espèce de Roussette. En effet, outre les formes de sa tête, qui la distingue déjà
si éminemment de tous les autres Chéiroptères frugivores, elle se distingue encore
de ces animaux par des modifications importantes de son système de dentition.
La description que j ’ai donnée des caractères de ce genre, se trouve dans mon
travail général sur les dents des Mammifères. Cependant j’en rappellerai ici les
traits principaux.
La Kiodote a, comme les Roussettes, quatre incisives et deux canines à chaque
mâchoire 5 mais elle est tout-à-fait privée de fausses molaires anomales ; et ses
molaires postérieures, à l’une et à l’autre mâchoires, sont aussi grandes et aussi
développées que celles qui les précèdent, au lieu d’être petites et rudimentaires.
Du reste ces molaires sont au nombre de dix (cinq de chaque côté) à la mâchoire
supérieure, et les deux premières sont pointues -, elles sont au nombre de
douze (six de chaque .côté) à la mâchoire inférieure -, la première, presque à la
base de la canine, est séparée par un intervalle vide assez grand de la seconde,
et les trois antérieures sont pointuesj les autres, aux deux mâchoires, sont planes
unies et très-allongées, comparativement à leur largeur. Nous devons faire remarquer
en outre que ces dents sont jusqu’à présent les plus petites de la classe
des Mammifères, quoiqu’il y ait beaucoup d’espèces parmi ces animaux moins grandes
que la Kiodote.
Les Roussettes, et surtout les Céphalotes, ont un museau large et épais qui
annoncent de puissantes mâchoires, et la faculté de mordre avec force. La Kiodote,
au contraire, par sa tête large et son museau effilé qui se rétrécit tout à coup en
avant des yeux, semble annoncer, ce qu’elle montre en effet, des mâchoires
d’une grande faiblesse, et peu propre à agir avec quelque forcej et la ressemblance
qu’elle a, sous ce rapport, avec quelques-uns de ces édentés à museau
allongé, qui se nourrissent de fourmis, ferait conjecturer que ces dents, si petites,
ne lui sont que d’un médiocre secours, et qu’elle se nourrit de substances
qui ne peuvent offrir qu’une faible résistance, et ne nécessitent point un grand
effort de mastication. Une observation que l’on doit à M. Leschenault de la Tour,
et qui m’a déterminé à donner à la Kiodote le nom générique de Macroglosse,
vient encore à l’appui de cette conjecture. Cet animal, à ce qu’il nous apprend,
a une langue de deux pouces de longueur (du double plus longue que la tête)