LE PACA BRUN.
L es naturalistes n’admettaient qu’une seule espèce de Paca, qu’ils réunissaient
à quelques autres Rongeurs, dont ils formaient le genre Cavia, lorsque je crus
reconnaître que ces animaux étaient des types d’autant dé genres distincts, et
quil existait deux espèces de Pacas, auxquels je donnai le nom générique de
Coelogenus (Annales du Muséum d’Hist. nat., t. X , p. 2o5 ),
L espèce dont je publie aujourd’hui la figure est celle du Paca brun, Coelogenus
subniger : cet animal nous a été envoyé de l’Amérique méridionale par M. Plée,
voyageur de 1 établissement^ il a-4es formes, trapues et l’apparence extérieure des
Pâquidermes. Ses jambes sont épaisses, son cou "est- court, sa tête lourde, son
corps arrondi, ses allures pesantes, et ses mouvements prompts et brusques; aussi
l’on ne voit pas pourquoi les auteurs qui ont formé ou admis le genre Ifydro-
choerus ne lont pas réuni dans ce genre avec le Cabiai, qu’ils y faisaient entrer ;
car ces animaux ont beaucoup de rapports extérieurs : les Pacas sont dans les
Rongeurs omnivores ce que les Cabiais sont dans les Rongeurs herbivores. En
effet les premiers ont des molaires à racines distinctes des couronnes, et qui
sont au nombre de quatre de chaque côté des deux mâchoires. Celles de la
mâchoire supérieure sont à peu près de même grandeur; mais à la mâchoire
opposée elles vont en diminuant graduellement de la dernière à la première.
Toutes, avant d’avoir éprouvé les effets de la mastication, présentent à la surface
de leur couronne quatre tubercules qui divisent plus ou moins complètement la
dent dans sa largeur, et qui sont séparés par trois sillons également transverses,
plus ou moins larges et plus ou moins profonds : les uns ne sont que des sillons
légers; les autres sont des plis qui, de l’un ou l’autre côté seulement, descendent
jusqu’aux racines; et tous indistinctement sont revêtus d’une lame d’émail qui
pénètre partout avec eux. Lorsque la mastication a commencé à user la surface
des couronnes, les tubercules s’usent par leur sommet ; l’émail s’enlève dans ce
point; et, au lieu d’une sorte de calotte, il forme des rubans, dont les contours
représentent les rapports des tubercules et des sillons. A mesure que l’usure des
couronnes continue, les tubercules s’effacent successivement, et l’on finit par
ne plus rien voir que l’émail qui entoure la dent, et celui qui pénétre dans son
intérieur avec les plis les plus profonds ; de sorte que les rubans d’émail de la
face triturante des dents changent de figure avec l’âge des animaux , et finissent
par disparaître en grande partie. Les incisives n’ont rien de particulier, et ressemblent
à celles de la plupart des autres Rongeurs.