MOUTONS D’ASTRACAN.
C e t t e variété appartient à celle des Moutons à grosses queues, et ce qui en
fait le mérite est l’heureux mélange de poils noirs et de poils blancs, qui constitue
la toison de la plupart des Agneaux de cette variété, au moment de leur
naissance, et qui produit cette teinte d’un gris si doux, propre à la fourrure
connue dans le commerce sous le nom ôiAstracan. Cependant, comme toutes
les autres variétés, celle-ci produit des individus entièrement noirs, qui sont
beaucoup moins recherchés que les autres.
Presque tous les Agneaux sont, en naissant, revêtus de poils réunis en petites
mèches, très - frisées, et très-serrées les unes contre les autres; mais peu de jours
après ces mèches s’allongent, se défrisent, se confondent, et l’effet agréable qu’elles
produisaient est détruit. Les Moutons à laine et à grosses queues présentent en
général ce phénomène ; mais la variété qui nous occupe ici a sur toutes les autres
1 avantage, comme nous venons de le dire, de donner naissance à des Agneaux
dont la toison, composée généralement d’un mélange de poils noirs et de poils
blancs, produit une teinte qui flatte l’oeil. Plus les Agneaux sont jeunes, et
plus leur toison est belle et a de prix; c’est pourquoi, comme on le savait déjà,
ceux qui meurent avant que de naître sont de beaucoup préférables aux autres.
En effet les individus adultes n’annoncent plus rien à l’extérieur qui les distingue,
sous ce rapport, des variétés les plus communes : leur laine est des plus grossières
et d un blanc-sale; mais lorsqu’on en écarte les mèches, on voit près de
la peau les poils noirs et blancs des Agneaux.
Les individus de cette variété n’ont pas constamment des cornes; les mâles
en général paraissent en avoir, et on en voit aussi à quelques femelles. Leur taille
est moyenne (notre Bélier a 17 pouces au garrot), et leur quelle n’a qu’un renflement
assez léger, comparativement à la race qui présente cette monstruosité
dans tout son développement, et que nous avons fait connaître, dans une de nos
précédentes Livraisons, sous le nom de Mouton à grosse queue.
Le Mouton d’Astracan n’était connu des naturalistes que par ce que les voyageurs
en avaient rapporté, et ils n’étaient point entrés dans des détails suffisants
pour nous faire apprécier les rapports qui existent entre lui et les autres variétés
de son espèce.
C’est à S. Ex. Monseigneur le Duc de Richelieu, premier Ministre, que nous
devons de pouvoir établir aujourd’hui les caractères de ce Mouton. Il en a procuré
| la Ménagerie du Roi un petit troupeau qui, en s’étendant, pénétrera sans doute