de lobules, et la trachée-artère se bifurque presque dés son origine, et n’est simple
que dans la longueur de deux pouces. La glande du thymus est extraordinairement
grande.
Le Dugong ne paraît jamais s’écarter des côtes? on le rencontre surtout dans
les bas-fonds? mais il ne va jamais à terre, comme le font les Phoques. La saison
où ils sont les plus nombreux, entre l’île de Signapour et la terre ferme, est celle
de la mousson du nord. On le prend en le harponnant pendant la nuit? et il est
rare que les naturels en tuent qui aient plus de huit à neuf pieds? car, lorsqu’ils
surpassent cette taille, ils échappent aux moyens que l’on a pour s’en rendre maître.
Leur nourriture consiste dans les algues des rivages, qu’ils arrachent sans peine
avec leurs fortes lèvres supérieures, et les gensives calleuses des parties antérieures
de leur bouche, jointes à la direction verticale de ces mêmes parties des
mâchoires, qui ramènent la bouche sous la tête de l’animal? au lieu que, sans
cette circonstance, elle serait à l’extrémité du museau, comme chez les autres
Mammifères.
Il paraît que les lèvres supérieures forment, chez cet animal, un organe prépondérant.
Il est susceptible de mouvements très - variés ? e t , comme sens du
toucher, cest peut-être de tous les sens de ce Cétacé le plus développé. Tous
les autres en effet paraissent fort bornés? leurs parties extérieures sont três-res-
treintes, et l’animal ne peut les exercer : le nez, qui s’ouvre immédiatement au-
dessus des oreilles, a peu d’étendue? l’oreille n’a point- de-conque externe? l’oeil
est petit et très-sphérique, et la langue est garnie de papilles cornées. Il paraîtrait
cependant que, malgré le peu d’étendue du cerveau, cet animal ne manque
pas d’intelligence ? il paraît surtout être très - susceptible d’affection. Buffon
(tom. XIII, pag. 3y6 ) rapporte qu’un mâle qui avait perdu sa femelle prise par
des pêcheurs, se laissa tuer plutôt «que de l’abandonner? et les Malais assurèrent
à nos voyageurs français que, lorsqu’on parvient à s’emparer d’un petit, on est
toujours sûr de prendre la mère. Ils ajoutèrent qu’alors les petits jettent un cri
très-aigu? qu’ils versent des larmes, et que ces larmes sont recueillies avec soin
et précieusement conservées, comme un charme Dropre à rendre dûïable l’affection
de ceux qu’on aime.
Les naturels distinguent-aussi-deux sortes de Dugongs, l’un qu’ils nomment
Bunban 3 et l’autre Buntal : celui-ci serait plus épais et plus court que le premier.
Le nom de Dugong3 ou plutôt de Duyong 3 est celui que les Malais donnent
àc et animal, et que Buffon lui a conservé, quoiqu’il se fit de cette espèce une
très-fausse idée, en ayant établi les caractères sur des animaux d’espèces très-
différentes : au reste, ^ c’est l’erreur qûi peut être reprochée à tous les auteurs
qui ont voulu faire l’histoire de cette espèce? c’est pourquoi nous nous abstiendrons
de les citer. Jusqu’à ces derniers temps il avait été réuni dans un même
genre avec le Morse ( Rosmarus ), sous le nom de Trïchecus. Depuis, M. Laeépéde
en a fait un genre particulier, sous le nom de Dugong3 auquel Illiger a nouvellement
donné celui de Halicorne. On a déjà publié quelques notes sur ce Cétacé
dans le journal de Physique d’août 1820? mais tout ce qui a été écrit en France
comme en Angleterre avait pour objet les animaux de MM. Diard et Duvaucel,
celui que sir Ewrard Home a disséqué.