LE SARIGUE CRABIER
ou PIAN.
J ’ai tout lieu de penser que c’est la première fois que cette espèce est représentée
d’après un individu vivant, à en juger du moins par les figures qu’on est dans
l’usage de citer pour la faire connaître ; c’est-à-dire celle du grand Philander
oriental de Séba (Mus. I , pag. 64, tab. 3g ) , que Schreber a copiée, et celle
ie Buffon (fjupp., tom. III, pl. 54). Si ces figures doivent en effet représenter
ie Sarigue Crabier, on ne saurait nier qu’une plus exacte était nécessaire. Dans
les genres où les espèces se caractérisent nettement par des couleurs ou par des
organes, un peu plus ou un peu moins de vérité dans les figures, ne tire point:
à conséquence, ne peut point induire en erreur. Il n’en est pas ainsi pour les
Sarigues : elles ne se font distinguer souvent que par des nuances faciles à confondre',
et que la moindre négligence peut altérer; elles supportent donc très-
difficilement les mexactitudes, ce que j ’ai surtout appris depuis qu’il m’a été
possible de réunir à côté l’une de l’autre plusieurs espèces de ces .singuliers animaux;
mais c’est ce que je ferai remarquer plus particulièrement encore, lorsque
je traiterai des Sarigues d’une manière générale.
J*ai actuellement sous les yeux un Opossum femelle,des Américains (Didelphis
virginiana, Pennant); un second Sarigue femelle, que j ’ai donné soùs le nom
de jeune Opossum, mais avec doute ; car je crois qu’il appartient à une espèce
nouvelle, et le Sarigue Crabier mâle que je donne aujourd’hui. Ces animaux diffèrent
peu : le premier a une teinte plus blanche, et une taille plus grande que
les autres ; le second a beaucoup de noir dans son pelage, et la teinte du troisième
est jaunâtre. Ces deux derniers sont à peu près de la même taille, et ils
ont le museau plus effilé et le chanfrein plus droit que le premier, qui'a la
face assez large et une dépression très-sensible au bas du front. Le jeune Opossum
a le museau encore plus effilé que le Crabier, et il a de commun avec le Didelphe
de Virginie, une tache blanche A l’extrémité des oreilles, et les doigts blancs. Le
Crabier a toutes ses moustaches noires ; le jeune Opossuîn n’a dé noir que ses
moustaches du dessus des yeux et du dessus du nez; toutes les autres sont
blanches; et le Didelphe de Virginie a toutes ses moustaches blanches. '
Le Sarigue qui fait plus particulièrement l’objet de cet article a la tête d’un