L’ECUREUIL COMMUN.
L o r s q u e I on considère l’ordre suivant lequel les Mammifères ont été répartis
sur a surface de la terre , on découvre bien quelques-uns de ces phénomènes
généraux q u i, se conver/issant en lo is, font le caractère des sciences. A insi,
l e s Sajous, les Sarigues appartiennent exclusivement à l’Amérique; les Makis, les
ian r e ck s, à Madagascar; les Kanguroos, les Dasiures, les Phalangers, à l’Asie
australe, etc. etc. On trouve même, avec quelque apparence de raison, la cause
qui fait que des continents tout-à-fait séparés l’un de l’autre nourrissent cependant
les mêmes animaux; e t c’est un sujet que Bufïbn a traité avec toute la supériorité
de son génie; mais si l’on descend à des exceptions d’un ordre inférieur
toute conjecture pour les expliquer devient impossible : tant il est vrai que la'
pupart des explications de ce genre reposent encore plus sur les créations de
notre esprit que sur les rapports réels des faits! car elles paraissent toujours
d autant p!us vraisemblables, que notre imagination a pu y prendre plus de part.
Une de ces exceptions inexplicables, c’est que l’Écureuil commun est la seule
espèce dun des genres de Mammifères les plus riches, qui sè trouve sur l’immense
surface des régions septentrionales de l’ancien monde, à en ju«er du
moins par les observations qu’on possède aujourd’hui, et abstraction faîte des
iiCureuils volants. A la vérité cette espèce, soumise à des influences si diverses
a produit plusieurs variétés, toutes plus ou moins importantes à connaître et
dont nous donnerons les figures et les descriptions dans nos livraisons suivantes.
Cest la variété fauve que nous prendrons pour type des autres, parce que c’est
de celle-là quelles paraissent se rapprocher le plus lorsque leurs caractères
changent.
On sait que les Écureuils communs habitent nos grandes forêts, qu’ils se tiennent
sur les arbres les plus é levés, où ils trouvent leur nourriture, où ils construisent
leur g îte , où ils élèvent leurs p e tits, en un m o t, où ils passent toute
leur vie dans l’abondance et la sécurité. Ils vivent par paires, et l ’arbre qu’ils
choisissent n’est point pour eux une habitation passagère; c’est un domaine qu’ils
s approprient, et sur lequel ils construisent le petit manoir qui deviendra le témoin
de leurs premières amours, et qui les verra mourir.
C’est toujours l’enfourchure de deux ou plusieurs branches qu’ils choisissent
pour construire leur habitation; elle consiste dans un nid sphérique, dont l’ouverture
regarde le c ie l, et est recouverte par une sorte de toit de forme conique
qui l’abrite de la pluie. Ce nid est formé de brins d’herbes flexibles et de mousse,