Quoi qu’il en soit, il a prévalu chez nous pour désigner l’espèce dont nous donnons
aujourd’hui la figure ; mais cette espèce, que nous ne connaissons peut être encore
que par ses races domestiques, ne nous offre point de caractères distinctifs bien
fixes, excepté la couleur foncée des parties de son pelage qui restent colorées, et
qui paraissent avoir toujours une teinte d’un brun-marron, et la longueur des
poils, qui ne paraît jamais approcher de celle qui caractérise les poils de l’Alpaca
et de la Vigogne. En effet, les Lamas qui ont été décrits ne présentaient pas la
même distribution de couleurs : les parties blanches étaient plus ou moins étendues,
plus ou moins nombreuses; quelques individus même étaient entièrement
bruns; tel était celui que posséda, de 1778 à 1778, l’Ecole vétérinaire d’Aifort, et
que Buffon a décrit et fait représenter dans le sixième volume de ses Suppléments.
C’est à la Ménagerie de Malmaison que nous avons vu des Lamas : il y en a
eu à deux époques différentes. Les premiers se trouvent décrits dans la Ménagerie
du Muséum d’histoire naturelle, ouvrage publié par MM. de Lacépède, G. Cuvier
et Geoffroy-Saint-Hilaire. Le mâle avait des couleurs beaucoup moins sombres que
les femelles, et ils n’avaient l’un et l’autre que quelques parties blanches peu
étendues sur la tête etdes jambes. Les seconds, qui sont ceux dont je donne la
figure, avaient les couleurs autrement distribuées : le cou en dessus, et à sa
partie inférieure en dessous, le dos, les épaules, les flancs, le ventre, les cuisses,
la queue, les jambes jusqu’au milieu des canons, étaient d’un beau brun-marron
clair; la tête, la gorge, et la partie supérieure du dessous du cou, la moitié inférieure
des canons et les doigts, étaient blancs ; seulement on voyait sur les lèvres,
sur les côtés des joues et au-dessus des yeux, des taches d’un brun-vineux, de
formes assez irrégulières, et qui ne se ressemblaient point chez le mâle, chez la
femelle, et chez le jeune qu?ils avaient produits.
Les Lamas, et on peut également le dire des Alpacas et des Vigognes, n’ont
point cette physionomie indolente et stupide des Chameaux ; leur port annonce
de la hardiesse, et leur regard de la pénétration et de la douceur. Leur tête n’a
pas la pesanteur de celle des Dromadaires, et leurs allures semblent plus agiles
que celles de ces animaux. Cependant au fond, leur conformation est la même,
à peu d’exceptions près. Ils ont le même système général de dentition, les mêmes
sens, les mêmes prganes génitaux, et leurs pieds sont également terminés par
deux doigts armés d’ongles crochus; mais le Lama n’a que six incisives, ses doigts
ne sont point réunis en dessous par une semelle, comme ceux du Dromadaire et
du Chameau, et il porte sa queue à demi relevée. Ses poils sont très-fournis et
assez fins, et ceux du dessus du cou et de l’épine sont plus longs que les autres;
les plus courts sont ceux de la tête et des jambes. Ses fesses sont nues et d’une
teinte vineuse, et ses genoux, comme son sternum, sont garnis de callosités sur
lesquelles il s’appuie lorsqu’il se couche; car sa manière de se reposer est tout-à-fait
celle des Chameaux. Voici qu’elles étaient les proportions principales du Lama
mâle dont nous donnons la figure :
Hauteur à la croupe. .................... 2
. au garrot................................................^ 2 .
Longueur du corps, des épaules aux fesses................................................. 2
— ----- —. du cou, du haut des épaules à l’occiput................. 1
------------- de la tète, de l’occiput au bord du museau............................ »
de la queue » ,
Les Lamas, comme on sait, étaient des bêtes de somme pour les Péruviens-
mais ils sont faibles et ne portent guère plus qu’un homme ne pourrait le faire;
aussi ont-ils été presque abandonnés pour les Chevaux et les Mulets; on ne les
conserve que dans les parties montagneuses où ils marchent avec une bien plus
grande sûreté que ces derniers animaux. D’ailleurs, quoique organisés en général
comme les Dromadaires, les Lamas étant privés de la masse de graisse qui constitue
la bosse des premiers, ils ne peuvent point être aussi sobres et supporter
sans manger d’aussi longues fatigues ; et ils n’ont point cet appendice qui caractérise
la panse des Chameaux et des Dromadaires, et qui paraît être cause de
la faculté qu’ont ces animaux de l’ancien monde, de se passer d’eau pendant longtemps.
On a de nombreuses figures des Chameaux d’Amérique; mais il est difficile,
pour ne pas dire impossible, de reconnaître quelles sont précisément les espèces
qu’elles doivent représenter. Les meilleures qu’on ait du Lama sont celles de Buffon
et de la Ménagerie du Muséum, dont nous avons parlé plus haut. On pourrait
encore citer celles de Frésier dans son voyage aux côtes du Chili, du Pérou et.
du Brésil. Le Lama est le Camelus Llacma dès Catalogues méthodiques.
A o û t 1821.