LE GIMEPAYE.
C ’ e s t encore aux pénibles recherches de MM. Duvaucel et Diard à Sumatra,
que les naturalistes doivent la connaissance de cette nouvelle espèce de Mammifères,
qui, réunie à quelques autres, découvertes également par eux, et que
nous publierons bientôt, ainsi qu’à la Maure et à l’Entelle, dont nous avons déjà
donné la description dans cet ouvrage, doit former une nouvelle subdivision dans
l’ordre des quadrumanes, intermédiaire entre les Gibbons et les Guenons. J’avais
déjà pressenti l’existence de ce nouveau groupe en examinant l’Entelle; et, en
décrivant cet animal, j ’exprimai mes doutes sur la justesse du rapprochement
qu’on en avait fait en le classant parmi les Guenons. L’étude des espèces envoyées
par M. Duvaucel aux Cabinets du Muséum, et les dessins de ces animaux que
j ’ai reçus de lui, et desquels j ’ai tiré celui du Cimepaye que je donne aujourd’hui,
ont confirmé mes conjectures. Ces quadrumanes sont remarquables au premier
coup d’oeil par la longueur de leurs membres et l’aplatissement de leur face; mais
leurs caractères distinctifs se retrouvent dans les détails de leur organisation,
comme dans leur physionomie.
En effet le Cimepaye a un système de dentition particulier, que je fais connaître
en détail dans mon travail sur les dents % et dont je parlerai de nouveau
lorsque je traiterai de ces animaux d’une manière générale; pour le présent il
me suffira de dire, qu’avec le même nombre et les mêmes espèces de dents que les
Guenons, le Cimepaye a sa dernière molaire inférieure terminée par un talon
simple, et différent par là du talon double qui termine la dernière molaire inférieure
des Macaques et des Cynocéphales. Tous ses membres, c’est-à-dire ses
bras, ses jambes et ses doigts, sont en outre d’une longueur disproportionnée comparativement
aux dimensions de son corps, excepté le pouce des mains antérieures,
qui est placé fort en arrière, et qui est très-court; et sa queue participe aux
dimensions grêles et allongées des membres; du reste ses yeux, ses oreilles, son
nez, sa bouche, ne diffèrent point de ce qui s’observe chez les Guenons; mais
nous ignorons la structure des organes génitaux, et nous ne savons s’il est pourvu
d’abajoues; ce qui est certain, c’est qu’il a des callorites comme les Guenons
elles-mêmes. L’aplatissement de sa face remarquable encore par la grande saillie
et les rides du nez, à sa base, et par l’élévation extraordinaire des pommettes, le
| Des dents des Mammifères, considérées comme caractères zoologiques. Ouvrage pour lequel on souscrit chez
F. G. Levrault, à Strasbourg, rue des Juifs; et à Paris, rue des Fossés-Monsieur-le-Prince, n° 3 3 , i vol. in-8°, avec
100 planches.