MONAX GRIS.
L es Marmottes de l’Amérique septentrionale ne nous sont encore connues que
par des notes si peu étendues, des renseignements si peu détaillés, qu’il est
impossible de s’en représenter clairement les caractères, et de se faire une idée
nette des animaux qu ils ont pour objet. En effet, si l’on rapproche les descriptions
qu’en ont données les auteurs originaux, on aperçoit entre elles des contradictions
manifestes ; et ces causes de doutes et d’incertitudes ne font que s’augmenter
lorsqu’on cherche à appliquer ces descriptions à la nature elle-même,
cest-à-dire aux animaux auxquels il est probable qu’elles s’appliquent, aux Marmottes
de l’Amérique du nord.
Jusqu à ce jour on a admis deux espèces de la combinaison des diverses
notions qui ont été acquises sur ces Marmottes du Nouveau-Monde. h'Arctomys
monax, Linn., et l'Arctomys empetra, Pall. (Je ne fais point entrer dan cet
examen la Marmotte du Missouri, ArctomyI Missouriensis , de M. Warden ,
Description statistique des Etats-Unis, etc., trad. franc., tom. V , pag. 627, les
notes que j ’examine n’y ayant aucun rapport.)
La première se constitue des rapports de Catesby (Carol. II, pl. 79), d’Edwards
(Glan., tab. 10Î), de Buffon (Suppl. III, p. la o , pl. 28), et de Warden (ouvrage
cité, tom. V , pag. 627). Catesby nous apprend de son Lapin de Bahama, que c’est
un animal un peu plus petit que le Lapin de garenne, qu’il est brun sans aucun
mélange de gris; que ses oreilles, ses pieds et sa queue ressemblent à ceux d’un
rat, etc. De son côté, Edwards dit que le Monax a le museau gris, antérieurement,
tout le corps brun, plus foncé sur le dos que sur les côtés, et surtout
que sur le ventre, les pieds noirs; et la queue, longue de plus de la moitié de
la longueur du corps, est touffue, et couverte de poils bruns et noirâtres.
Buffon n’a donné qu’une figure du Monax sans aucune description, mais cette
figure ressemble tout-à-fait à celle que nous devons à Edwards ; elle en a la
tête et la queue. Enfin M. Warden donne à sa Marmotte du Maryland, qu’il
rapporte au Monax, la taille d’un Lapin, un pelage d’un brun ferrugineux, un
museau d’un gris-bleuâtre, des jambes courtes, des pattes; longues, une queue
velue, d’environ la longueur de la moitié du corps, un museau pointu, etc.
Il résulte de ces détails, que l’espèce qu’ils sont supposés avoir pour objet
aurait un pelage brun, sans aucun mélange de gris, suivant l’un, et ferrugineux,
suivant les autres ; que la queue est semblable à celle d’un rat, au dire de
Catesby, et touffue d’après ce que rapportent Edwards et Warden -, enfin tous