Cette grande prudence du Renard est cause qu’il n’est pas facile à détruire.
Aussitôt qu’il a acquis quelque expérience, il évente facilement les piègesj et dès
qu’il les a reconnus, la plus grande faim ne peutjnême le déterminer à s’en approcher.
Le Roi, dans ses Lettres sur les Animaux, nous apprend qu’un Renard est
resté quinze jours enfermé dans son terrier, pour ne pas tomber dans les pièges
dont il avait été environné.
Cependant cette prudence timide diminue lorsque les femelles ont des petits à
nourrir et à défendre. Elles veillent sur eux, et pourvoient à leurs besoins avec
la plus grande-sollicitude, et elles deviennent audacieuses contre leurs ennemis.
C’est vers le mois de février que les Renards entrent en chaleur j alors on les entend
s’appeler par des glapissements assez aigus, qui se précipitent comme un aboiement,
et qui se terminent par un éclat que l’on a comparé au cri du paon. L’accouplement
est semblable à celui des Chiens, et la durée de la gestation est de soixante à
soixante-cinq jours. Lorsque la femelle est prête à mettre bas, elle prépare avec
des feuilles et du foin un nid à ses petits, qui naissent, comme les jeunes Chiens,
couverts de poils, mais les yeux fermés, et au nombre de cinq à huit.
Le voisinage du Renard n’ayant pour nous que des inconvénients, et son
intelligence lui donnant beaucoup de ressources dans les dangers, sa chasse a
toujours été un sujet d’occupation et d’amusement pour les grands propriétaires.
Louis XIII avait donné à* cette chasse la préférence sur toutes les autres, et
l’avait même perfectionnée en y employant le Chien courant au lieu des Bassets,
qui seuls y avaient été en usage jusqu’alors, ainsi que nous l’apprend Robert
de Salnove, un des lieutenants de vénerie de ce Prince.
Dés l’âge de trois à quatre mois les petits Renardeaux quittent le terrier -,
bientôt ils abandonnent tout-à-fait leurs parents, et à deux ans leur croissance
est acquise.
Le Renard qui fait l’objet de cet article.a i pieds de longueur depuis la partie
postérieure de sa tête jusqu’à l’origine de sa queue 5 sa tête a 6 pouces et sa
queue 1 pied 6 pouces j sa hauteur moyenne vers le milieu du corps est de
1 pied. Ses parties supérieures sont d’un fauve mêlé de blanc et de noir résultant
de poils généralement fauves dans une partie de leur longueur, et terminés par
un anneau noir et par un anneau blanc. Le fauve domine sur la tête, le dos
tout le long de l’épine, les flancs, les membres dans leur partie postérieure et
les côtés de la queue le gris-fauve lavé de blanc l’emporte sur les cuisses et
les épaules. Le dessous du cou, et la poitrine antérieurement, sont gris-clairj
la partie postérieure de la poitrine, la face externe des oreilles, la partie antérieure
des membres, une bande qui sépare sur la cuisse le blanc du fauve, le
dessous de la queue, un demi-collier au bas du cou, et une tache étroite qui
naît de l’angle interne de l’oeil et descend vers le milieu de la gueule, sont noirs.
Le ventre, la face interne des cuisses et leur bord antérieur, la face interne
des jambes, les joues, la lèvre supérieure, sauf la partie sur laquelle se prolonge
la tache noire, et le bout de la queue, sont blancs.
Le pelage est très - touffu , excepté sur le museau et sur les membres son
épaisseur est surtout remarquable sur la queue et sur le dos. Les poils laineux
sont fauve-clair, et, en hiver, bien plus abondans que les soyeux $ aussi est-ce
la fourrure d’hiver de ces animaux qui est seule recherchée. En été, les poils
soyeux dominent, et sont en petit nombre.
Chacun connaît la physionomie du Renard commun, son museau effilé sa
large tête, et la brièveté de ses membres comparée à la longueur de son corps.
Il a, à une seule exception près, l’organisation des Chiens. Ses organes du mouvement,
ceux de la génération, ses dents et ses sens, excepté celui de la vue
sont conformes en tout point à ce que nous avons rapporté de ces différents’
organes à 1 article du Chacal; cest pourquoi nous ne le répéterons pas ici. L’oeil
du Renard, au lieu de ressembler à celui du Chien, ressemble à celui du Chat
domestique : sa pupille, au grand jour, se rétrécit, et ne présente plus qu’une
fente etro.te et longitudinale; ce n’est qu’au crépuscule, et pendant la nuit,
quele s ouvre et prend une forme circulaire; c’est pourquoi cet animal, ainsi
que le Chat domestique, va de préférence dans l’obscurité et fuit la lumière.
Il na jamais cessé d’être connu. Les Grecs le nommaient Alopex, et les
Latins Fulpes. Cest aussi sous ce dernier nom que, depuis la renaissance des
lettres, les auteurs en ont parlé. Gessner et Jonston en donnent des figures
satisfaisantes, et celles de Ruffon, de Schréber, etc., sont fort exactes. Le Renard
est le Cams rulpes des Catalogues méthodiques.
Octobre 1820.