LE LÉROT DU SÉNÉGAL.
Je dois à l’extrême complaisance de M. Le Coupé, capitaine de vaisseau, qui
a été chargé de l’intendance du Sénégal, de pouvoir publier cette petite espèce
de Loir, d’après un individu vivant. Les cabinets du Muséum la possédaient en
peau, mais elle n’avait été ni figurée ni décrite.
On sait que toutes les espèces connues du genre Loir éprouvent, par l’action
du froid, l’effet bien remarquable de tomber dans un sommeil profond, dans
une léthargie véritable, où ils restent plongés tant que la température ne change
pas5 et que dans cet état, où toutes les fonctions vitales sont excessivement ralenties,
sinon tout-à-fait suspendues, le temps s’arrête véritablement pour euxj
qu’ils se réveillent, relativement au développement de leurs organes, dans l’état
où ils étaient lorsque leur sommeil a commencé, quel qu’ait été sa duréej qu’en
un mot, ils ne vieillissent pas.
Jusqu’à ce jour toutes les espèces de Loir connues appartenaient aux régions
tempérées de l’ancien monde, et l’on aurait pu croire que la faculté si remarquable
qu’ils ont reçue, de se soustraire aux rigueurs du froid et aux privations
qu’entraînent ordinairement, pour des animaux qui se nourrissent de fruits, les
saisons où toute végétation est suspendue, leur était particulière$ qu’elle n’était
point le partage des espèces placées par la nature dans les climats heureux où
les végétaux ne cessent jamais de croître, de fleurir et de fructifier. Cette supposition,
qu’autorisaient nos idées de sagesse, de raison suffisante, ne se trouve
cependant point confirmée par l’expérience. Le Lérot du Sénégal est un animal
hybernant, comme celui d’Europe $ l’individu dont je parle est tombé dans un
profond engourdissement dès les premiers froids qu’il a ressentis, et a repris
toute la vivacité qui lui est naturelle, dès qu’une température plus élevée lui a été
rendue. Ainsi cette qualité, comme il était naturel de le penser en considérant
davantage les lois de l’organisation et les rapports des espèces d’un genre naturel,
que les causes finales, cette qualité, dis-je, tient moins à des particularités
spécifiques qu’aux modifications d’un système entier d’organes 5 et c’est en effet à
ce résultat que l’expérience a toujours conduit, quoi qu’elle me paraisse encore
loin d’avoir démontré d’une manière satisfaisante la cause organique de cet important
phénomène.
Le Lérot du Sénégal est plus petit que celui d’Europe, et il se rapproche du
Loir par ses couleurs. Sa longueur, du bout du museau à l’origine de la queue,
est de trois pouces six lignes $ sa queue a à peu près la même longueur, et sa