d’esclavage où nous tenons les Furets, privés habituellement de toute liberté, ils
ne s’éveillent guère que pour satisfaire aux besoins de manger et de se reproduire.
Nous les nourrissons de farine et de pain trempé dans du lait. Ils font
communément deux portées par an de six à huit petits, que les femelles portent
six semaines, qui naissent dépouillés de poils et les yeux fermés, et que leur
mère dévore assez souvent en les mettant au monde. Le mâle est sensiblement plus
grand que la femelle $ mais ils ont l’un et l’autre le même pelage : ils sont revêtus
de poils soyeux assez longs, jaunâtres ou noirs, et fourrés de poils laineux peu
épais et d’un gris-sale ; leur couleur n’est pas constante. Il y en a d’entièrement
jaunâtres, et ceux-là sont généralement atteints d’albinisme5 d’autres sont noirâtresj
mais la plupart présentent un mélange de jaune et de noir irrégulièrement répandus
sur le corps.
L’individu que j ’ai fait représenter était une jeune femelle qui avait 11 pouces
de l’occiput à l’origine de la queue, et 2 pouces de l’occiput au bout du museau.
Sa queue avait 5 pouces, sa hauteur au train de devant 3 pouces, et au train
de derrière 4 p o u c e s se s couleurs étaient un mélange irrégulier de jaune et
de noir.
Lorqu’un Furet attaque un Lapin, il le saisit par une partie de la tête, l’assujettit
et lui suce le sangj et dès qu’il est repu il s’endort. Pour éviter ces deux
inconvénients, lorsqu’on veut chasser avec cet animal, on le muselle avant de le
lâcher dans un terrier $ et si cette précaution n’a pas été prise, et qu’un Lapin se
soit laissé surprendre, on cherche à réveiller le Furet en enfumant le terrier $
ce qui ne réussit pas toujours.
Nous ferons connaître les parties principales de l’organisation de cette espèce,
sur lesquelles les caractères génériques reposent, en donnant la description du
Putois ou de la Fouine, espèces sauvages qui pourront nous offrir ces caractères
avec plus de pureté qu’un animal domestique, quoiqu’en général, et particulièrement
pour l’individu que nous avons sous les yeux, il n’y ait sous ce rapport
aucune différence essentielle entre ces divers animaux. Tous les naturalistes ont
parlé du Furet, quoiqu’il ait peu fait le sujet de leurs observations spéciales. Pline
(Liv. VIII, chap. 5 5 ) , qui le nomme Viverra, paraît déjà en parler comme d’un
animal ami de l’homme, parce qu’il l’aide à détruire les Lapins. Gessner, à l’article
Mustela, en donne une mauvaise figure, et le désigne par les noms de Viverra
Furo et Ictis. Aldrovande (Digit., p. 325 et 327) en donne aussi une fort mauvaise
figure, et le nomme Mustela Silvestris, etc. etc. La figure qu’on trouve de
cet animal dans Buffon est fort bonne, et Schreber, qui a voulu en donner une
originale, n’a fait représenter qu’un Furet albinos, et très-imparfaitement. Le
Furet est aujourd’hui le Mustela Furo des Catalogues méthodiques.
Novembre 1820.