MANGABEY A COLLIER.
.D u ffo n , qui a le premier fait connaître cette Guenon (tom. XIV, pag. a44 ,
fig. 33) , ne la regardait que comme une variété du Mangabey. Ces deux Quadrumanes
ont en effet de nombreux et d’intimes rapports ? et s’ils appartiennent
à deux espèces différentes, comme on le pense aujourd’hui, aucune autre de
celles qui sont connues ne peut venir s’interposer entre eux et les séparer? ils
sont, à cet égard, l’un à l’autre, ce qu’est le Grivet au Callitriche, et l’Ascagne
au blanc nez. Les mêmes lois, les mêmes forces, les mêmes influences ont présidé
à leur organisation : ils nous présentent les mêmes formes générales, la même
taille, et, à de légères exceptions près, la même distribution de couleur. Le
Mangabey à collier, comme le Mangabey proprement dit, a toutes les parties
supérieures du corps, c’est-à-dire les épaules, le dos, les côtés, les bras et
l’avant-bras, les cuisses et les jambes, les pieds et la queue d’un beau gris d’ardoise
? ils ont de plus, l’un comme l’autre, les parties inférieures, c’est-à-dire le
dessous du cou, la poitrine, le ventre, la face interne des membres, blancs. Ils
ne différent donc véritablement que par les couleurs de la tête : en effet, le
Mangabey a tout le dessus de la tête, ainsi que la nuque, du gris du reste du
corps, et sa face, comme ses mains et ses oreilles, sont de couleur tannée? tandis
que le Mangabey à collier a le sommet de la tête d’un beau brun-marron? la
nuque et les tempes tout-à-fait blanches, et la face, les oreilles et les mains
noires? on voit de plus une bande de poils gris sur les favoris, au-dessous de
l’oreille. Les poils blancs qui entourent le cou de cet animal, lui ont valu la
dénomination qui le distingue du Mangabey, dont le dessus du cou est entièrement
gris. Comme on le voit, les différences de ces deux animaux sont peu nombreuses,
et Buffon, qui n’avait eu qu’un individu du Mangabey à collier, était
fondé jusqu’à un certain point, et surtout à l’époque où il écrivait, à ne le
regarder que comme une variété de son Mangabey. Aujourd’hui que plusieurs
autres individus semblables ont été observés, et toujours avec les mêmes signes,
les mêmes traits, il est impossible de ne pas reconnaître en eux les caractères
d’une espèce distincte de toute autre. Aussi M. Geoffroy Saint-Hilaire l’a-t-il
depuis long-temps établie sous le nom particulier d'ÆthiopicuSj donnant au Mangabey
sans collier celui de Fuliginosus.
Ces deux espèces paraissent encore se ressembler par le caractère, comme par
les couleurs? ils sont moins pétulants, moins intraitables, moins irascibles que
les Callitriches ou les Malbroucks, et la plupart de leurs impressions s’expriment