ferait de ces animaux deux espèces très-distinctes, c’est que la seconde a des larmiers
excessivement grands, et que la première paraît en être dépourvue, du
moins Grimm ne dit rien qui le fasse penser : car ce qu’il rapporte de ces cavités,
situées entre les narines et les yeux, qui n’ont aucun rapport avec ces derniers,
qui sécrètent une matière visqueuse, laquelle devient noire, et qui ne ressemble
point à l’humeur que produit le grand angle de l’oeil des Cerfs, ne me paraît
pas indiquer des larmiers, mais bien un organe particulier dont j ’ai dit un mot
à l’article du Cambtan, et que nous montre peut - être aussi l’animal qui doit-
faire l’objet de cet article. En effet, si par ces cavités il se fût agi d’un larmier,
Grimm ne l’aurait-il pas désigné par le nom dont il se sert pour désigner celui
des Cerfs; et aurait-il dit qu’il est situé entre l’oeil et les narines, et qu’il ne
communique avec les yeux d’aucune manière ? Il est assurément permis d’en
douter. Au reste, je le répète, le récit de Grimm est si peu circonstancié, et
les termes dont il se sert sont si peu précis, qu’il est à , peu prés inutile de
rechercher de quel animal il a voulu parler; mais c’est aussi par-là que je pensais
montrer que le nom du naturaliste allemand pouvait, sans erreur, rester à l’animal
de Pal las, si ce nest comme ayant été justement appliqué, du moins comme
étant un de ces témoignages de reconnaissànce que les naturalistes sont dans
l’usage de donner à ceux qui ont été utiles à la science qu’ils cultivent.
Notre Grimm appartient bien à la même espèce que celui que Pallas décrivit
dans la Ménagerie du prince d’Orange. C’est un petit Ruminant à cornes creuses
et droites, annelées à leur base; dont les proportions du corps et de la tête sont
assez lourdes, mais dont l’agilité, bien caractérisée par ses jambes à la fois fines
et mdsculeuses, est au moins égale à celle des Antilopes les plus légers. Tout son
corps est revêtu d’un poil fauve-jaunâtre, excepté le long du dos, où les poils
sont d’un beau gris clair. Les côtés de la tête sont également fauves ; mais; le chanfrein,
depuis les cornes jusqu’au mufle, est du gris du dos; l’extrémité du museau
est noire, ainsi que l’extrémité de la mâchoire inférieure; le bord de la lèvre
supérieure et le dessous de la mâchoire inférieure, sont blancs. La queue est noire
au bout et en dessus, et fauve-clair en dessous; et le ventre est de cette même
couleur fauve, à sa partie supérieure. Le dessous du cou et la poitrine sont à peu
prés de la couleur du corps. Les membres sont gris, excepté les antérieurs, à
la partie postérieure du cubitus, qui sont fauves. Les oreilles sont grises à leur
face externe, et couleur de chair dans les deux tiers de leur face interne, le
tiers inférieur étant gris. Les sabots et les cornes sont noirs. Le mufle est très-
grand, et les narines sont ouvertes sur ses côtés par de larges orifices. Au-dessus
du mufle, à peu près à égale distance entre lui et l’oeil, se trouve de chaque
côté du museau une tache noire, lisse et nue, longue et étroite, qui, étant
examinée de plus prés, présente les orificés d’un organe sécréteur, et une matière
noire et onctueuse dont l’animal cherche souvent à se débarrasser en se frottant
contre les corps qu’il rencontre. Cette matière, qui est à peu près inodore pour
nous, paraît être très-odorante pour le Grimm, qui semble se complaire à la sentir,
lorsqu’il s’en est attaché aux corps contre lesquels il s’est frotté. Il n’y a presque
aucune trace du larmier. Les membres, les yeux et les dents, ont les caractères
qui sont communs à tous les Ruminants; la langue est très-douce et très-longue;
l’oreille externe très-étendue, quoique simple dans sa composition, du moins
dans la partie apparente de la conque; la verge est dirigée en avant, et, les testicules
sont dans un large scrotum. Les poils sont soyeux et assez durs, sans avoir cepen-
dant le caractère de ceux du Cerf commun, et ils sont assez longs aux parties
supérieures du corps, mais très-courts sur le museau et les membres; et ceux
clu tront, au-devant des cornes, se relèvent en forme de toupet.
Le Grimm est un animal excessivement timidé; il paraît qu’il s’apprivoise sans
trop de peine; mais au moindre geste qui le surprend, au moindre mouvement
un peu extraordinaire, à la moindre apparence nouvelle, la peur s’empare de lui
et il s elance comme un éclair pour fuir loin du danger qu’il craint; mais il reprend
confiance aussi vite qu’il avait pris peur, tant ses Mouvements sont exclusivement
déterminés par ses.sentiments. Son ouïe, son odorat, et peut-être sa vue
paraissent être les sens dont il fait le plus d’usage, et qui prennent le plus de
part à son existence. L’individu que je fais représenter a été donné à la Ménagerie
du Roi par M. Lainé, Ministre Secrétaire - d’État, qui l’avait reçu du
oenegal. Il parait être encore fort jeune. Ses cornes n’ont que trois pouces de
longueur, et il ne paraît pas avoir encore acquis la taille de ceux du prince
clUrange. voici ses proportions.
Longueur de la tête, du bout du museau entre les deux cornes............................. f ° T .
du corps, de la base des cornes à l’origine de la queue............................... rq
de la queue ' ' 3
Hauteur aux ép au le s ....................................................................... «
' à la croupe , . . - 1
¿4 l’ril 1821.