L’ALPACA.
N o o s avons vu, en donnant la description du Lama, que malgré Jes auteurs
qui avaient parlé de I’Alpaca, cette espèce n’avait point été admise dans nos
catalogues les mieux faits du règne animal. Les auteurs de ces ouvrages ont supposé
que sous le nom SAlpaca on avait parlé de quelques variétés des espèces
dont ils reconnaissaient l’existence, de celle du Lama et de la Vigogne y et en
effet, les courtes et imparfaites descriptions qui avaient été données de l’Alpaca
ne permettaient point de le caractériser nettement, ni même de conjecturer
avec quelque apparence de raison, qu’il pût l’être.
Les renseignements lés plus nombreux qu’on ait eus sur cet animal, étaient
ceux de labbé Beliardi au marquis de Nesle, qui se trouvent aux pages 211 et
suivantes du ^sixième volume des suppléments de l’Histoire naturelle de Buffon,
et ceux que l’abbé Molina a insérés dans son Histoire naturelle du Chili. Or ces
renseignements ne consistent guère que dans la comparaison de la taille et de la
toison de l’AJpaca, avec la taille et la toison des autres espèces du même genre,
propres à 1 Amérique ; et 1 on sait assez combien de circonstances accidentelles
peuvent faire varier les dimensions du corps et la nature du pelage, surtout chez
les animaux qui, comme le Lama, sont à l’état domestique. Cependant autant la
prudence des naturalistes qui n’ont point admis l’Alpaca dans leurs catalogues est
louable, autant la hardiesse de ceux qui ont agi autrement est heureuse, car l’événement
paraît les justifier; et si je manifeste encore ce léger doute, c’est que,
malgré l’assertion des auteurs dont je viens de parler, tout m’assure que l’Alpaca
est lui-même domestique, et qu’il en existe plusieurs variétés, caractérisées par
la différence de la couleur des poils.
Quoi qu’il en soit, l’Alpaca que possède aujourd’hui la Ménagerie du Roi, est
assez différent du Lama et de la Vigogne, tels qu’ils nous sont connus, pour
que nous entrions dans quelques détails sur ses caractères spécifiques.
Un des principaux consiste dans l’absence de toute callosité sur les membres
et sur le sternum, quoique cet animal se couche, et se pose alors sur le sol,
comme le font les Chameaux et les Dromadaires. La couleur générale de son
corps, c’est-à-dire du cou, du dos, des flancs, de la poitrine, est d’un brun-
fauve; la queue est brune; la tête, généralement grise, offre dans quelques-unes
de ses parties des teintes qu’il faut indiquer : ainsi le chanfrein est plus foncé que
les côtés de la face, et une teinte roussâtre se montre en arrière des joues, où
se remarque aussi, prés du cou, une tache blanche. Le côté externe des oreilles