BOUC A QUATRE CORNES
L e B ouc et le Belier sont les seuls Mammifères ruminants à cornes creuses
qui présentent cette modification singulière, du moins communément5 nous ne
l’observons ni chez les Boeufs, ni chez les Buffles qui sont, avec les Boucs et
les Beliers, les seules espèces de cette nombreuse famille de Ruminants que
nous ayons réduites à l’état de domesticité. Cet état contribue sans doute à la
production de ce phénomène, puisqu’il s’observe beaucoup moins chez les races
grossières, semblables à celles de nos Boucs communs, que chez les races qui
s’éloignent plus qu’eux de la souche primitive, et qui reçoivent depuis plus de
siècles la bienfaisante influence de l’homme. Les changements que les animaux
éprouvent en devenant domestiques ne sont point les effets d’une dégénération,
comme quelques auteurs auraient voulu le faire envisager. Si les animaux, en
se soumettant à l’espèce humaine, perdent de leur indépendance, ils retrouvent
en échange plus de force et plus de beauté. L’action de la domesticité tend surtout
à produire des développements j car il est à observer que les êtres vivants
ne nous présentent rien d’absolu, quant à la forme des parties qui les constituent.
Le développement de leurs organes n’a jamais lieu que d’une manière relative
à leur situation. Avec plus ou moins de nourriture, plus ou moins d’exercice,
un air pur et vif, ou une atmosphère épaisse et brumeuse, un soleil vivifiant ou
un ciel obscur, ils se présentent sous des traits différents 5 et comme les conditions
au milieu desquelles nous pouvons les placer sont très-bornées, il est
permis de conjecturer qu’avec des conditions plus nombreuses et plus efficaces,
leurs différences seraient beaucoup plus grandes. C’est sur ces faits et ces conjectures,
que se sont fondés les naturalistes qui ont établi, ou qui ont défendu
le système d’une création de simples germes, développés différemment et de
manière à produire le monde vivant, tel qu’il est aujourd’hui, suivant les circonstances
à l’action desquelles ces germes avaient été exposés. Cependant, et
c’est là où ces naturalistes ne se sont point arrêtés, dans l’état actuel de notre
globe, ces développements sont fixes pour les organes principaux5 ils ne varient
que pour ceux qui sont les plus extérieurs, et qui n’ont aucune influence sur
la vie.
Les cornes des Animaux ruminants se rangent parmi ces organes secondaires -,
nous les voyons changer de nombre, quelquefois de formes et souvent de direction,
et c’est le premier de ces changements qui caractérise surtout le Bouc dont
nous donnons la figure. Nous avons déjà dit, en parlant du Bouc de Cachemire,