MOUTON A QUATRE CORNES.
L e s Moutons sont, avec les Boucs, ainsi que nous Pavons dit en traitant du
Bouc à quatre cornes, les seuls Ruminants sur lesquels la domesticité ait produit
cette modification. Les espèces du Boeuf et du Buffle ne Pont point éprouvée,
quoique sous d’autres rapports elles aient peut-être plus encore ressenti les effets
de l’empire et des soins de l’homme. En effet nous voyons que le Boeuf a produit
les variétés des Boeufs à bosses, des Boeufs nains de l’Inde, et que celle du
Buffle a donné naissance à l’Arni, et à plusieurs autres races sans doute -, et
quoique les cornes de ces diverses races se présentent avec des caractères très-
variés, nous ne voyons point leur nombre s’accroître ; elles augmentent considérablement
d’étendue, se rapetissent ou s’eilkcent tout-â-fait, se détachent des os
pour ne s’attacher qu’à la peau $ mais elles restent constamment isolées de chaque
côté du front.
Ce n’est toutefois pas sous ce seul rapport que les cornes des Moutons et des
Boucs différent de celles des Boeufs. Le Bouc, comme le Belier, a naturellement
des cornes très-grandes et très-fortes, dont la castration ne favorise pas le développement,
et les Chèvres, ainsi que les Brebis, sont beaucoup moins bien armées
que leurs mâles. Les Taureaux, au contraire, ont des cornes courtes -, et leurs
femelles à cet égard ne différent point des mâles d’une manière très-sensible.
Les Bufflesses paraissent être même beaucoup mieux armées que les Buffles $ et
les cornes du Taureau ne prennent de l’accroissement que lorsque cet animal a
été réduit à l’état de Boeuf.
Des différences aussi considérables dans les effets des mêmes influences, et
sur des animaux si rapprochés, tiennent sans doute à des causes profondément
cachées dans les mystères de l’organisation, et mériteraient bien de fixer l’attention
des physiologistes.
L’ostéologie ne donne point la raison de ces phénomènes. Chez les uns et
chez les autres les noyaux osseux qui portent les cornes communiquent avec
les sinus frontaux, et sont eux-mêmes remplis de ces cavités. Ce n’est pas au
reste que la présence de la liqueur spermatique soit indifférente au développement
de ces organes, et n’ait pas sur eux une influence directe : nous trouvons dans
la famille des Ruminants un genre entier, celui des Cerfs, où les bois, qui ne
sont que des cornes, et qui naissent, comme les cornes proprement dites, du
prolongement des frontaux, cessent entièrement de croître après la castration,
et ne se reproduisent plus si l’animal en était dépouillé au moment de cette