LE SANGLIER.
O n ne peut pas révoquer en doute que le Sanglier ne soit la souche de nos
races de Cochons domestiques ; si l’on en excepte peut-être ces petits Cochons
noirs à jambes courtes qui ont été trouvés si abondamment dans les îles de la
mer du Sud, où notre Sanglier n’existe point. Toutes nos races de Cochons produisent
avec cet animal sauvage des individus aussi complètement féconds que le
sont ceux que ces races produisent elles-mêmes. Il est donc peu d’animaux
auxquels l’espèce humaine soit plus redevable qu’au Sanglier. Mais quels changements
n’a-t-il pas dû éprouver pour se transformer en animal domestique? Rien
n’est plus sauvage, plus grossier, et même plus féroce que le Sanglier de nos forêts.
Les vieux mâles passent leur vie cachés dans le fond de leur bauge, c’est-à-dire
dans la retraite qu’ils se sont choisie au milieu de la partie la plus retirée et du
taillis le plusjépgis de la forétA-fit ils n!ep-£Qrtp.nt gnp pressés par leurs besoins
dominants, la faim ét 1 amour. C’est à la chute du jour ou durant la nuit qu’ils
vont chercher leur nourriture, consistant en fruits sauvages, en racines et même
en matière animale. Ces animaux, quoique très-voraces, paissent aussi, en choisissant
de préférence les plantes succulantes et lès graines farineuses. Les femelles
différentes des vieux mâles, vont ordinairement de compagnie avec leurs petits
de deux et même de trois ans ; et quelquefois plusieurs troupes se réunissent :
ces associations sont produites par la crainte des dangers et l’instinct de la conservation;
car dés qu’un ennemi paraît, ces animaux, au premier cri, accourent
pour se secourir mutuellement; et, afin de le faire avec plus de succès ils se
forment en cercle; les plus forts se placent à la circonférence, les plus faibles
se cachent dans le centre, et de la sorte ils opposent une résistance qu’il n’est
pas facile de vaincre. Ce sont ces troupes qui causent le plus de dégâts dans les
campagnes, et qui furent autrefois un des plus grands fléaux de notre agriculture.
Les Sangliers adultes ont peu d’ennemis à craindre chez nous : leurs défenses
acérées sont des armes que ne peuvent surmonter ni les appétits sanguinaires,
ni la férocité des loups. Les grandes espèces de Chats seules, le Lion, le Tigre, la
Panthère, etc., sont capables de s’en rendre maîtres, enjoignant la force à la ruse,
encore les voit-on quelquefois tomber sous le tranchant de ces terribles armes.
L’époque du rut pour ces animaux a lieu en janvier et en février; les mâles
se livrent alors des combats cruels, et quand les vainqueurs possèdent leurs
femelles, ils restent avec elles cachés au fond des bois durant environ trente
jours; et la durée de la gestation est de quatre mois. Les Laies s’isolent alors, et