CHEVAL A POILS FRISÉS.
L ’e s p è c e de poils qui feit le caractère principal du Cheval entier dont nous
donnons la figure, paraît se rencontrer chez des races de Chevaux assez diffé-
rentes, et caractérisées d’ailleurs par des modifications organiques plus importantes
que ne peuvent l’être plus ou moins de longueur, et plus ou moins de
disposition dans les poils à se friser. Cette disposition est néanmoins remarquable,
en ce qu’elle est rare chez les animaux domestiques. Excepté le Chien, dans la
race du Chien barbet, et peut-être quelques races de Boeufs, nous ne croyons
pas qu’elle se rencontre chez aucune autre que chez le Cheval : le Mouton ne
pourrait point etre cité en exemple : sa toison ne se compose point de la même
nature de poils que le pelage du Cheval frisé : ce sont exclusivement les poils
laineux qui constituent la toison du premier, et ce sont au contraire les poils
soyeux qui font la partie principale du pelage du second.
Il est vraisemblable cependant que l’un et l’autre sont dus à des causes analogues,
à l’influence du climat : les poils frisés du Cheval sont extrêmement épais
et fournis5 ils recouvrent presque également toutes les parties de l’animal, et lui
forment un vêtement qui le garantit et contre le froid, et contre l’humidité. Mais
si les régions septentrionales ont donné naissance à cette race, on doit conjecturer
que leur action a été longue et profonde 5 car on trouve aujourd’hui des
Chevaux à poils frisés dans les contrées les plus chaudes, et où le pelage de ces
animaux devait perdre de son importance, et tendre à s’éclaircir. C’est ce que nous
apprend M. d’Azara, dans son Histoire naturelle du Paraguay. Il paraîtrait même
d’après ce qu’il rapporte, que ces Chevaux à poils frisés descendraient, comme tous
les Chevaux sauvages de cette partie de l’Amérique, des Chevaux andalous que les
premiers conquérants y conduisirent5 et, comme ces Chevaux, ainsi que tous ceux
qui sont domestiques,-ont les poils courts et lisses, il faudrait trouver une cause
à la modification singulière que présentent dans ce pays les races à poils frisés.
Elle ne peut point être due à l’influence du climat très-chaud de ces contrées’
et en effet le plus grand nombre des Chevaux sauvages du Paraguay est à poils
lisses i mais si l’on considère que ces Chevaux se sont étendus sans difficultés
jusqu’à l’extrémité de l’Amérique méridionale, et sont devenus, pour les Patagons,
des animaux domestiques, que ces régions paraissent être assez élevées, que les
hivers y sont longs et le froid très-intense, on trouvera dans ces considérations
une cause plus que suffisante à ces phénomènesj et pour expliquer la présence
des Chevaux frisés au Paraguay, rien ne s’oppose à ce qu’on admette qu’ils ont