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LA BARBASTELLE.
L es Chauve-Souris ne sont guère connues que sous le rapport de leurs
caractères zoologiques. Leur histoire naturelle, proprement dite, n’a fait que le
sujet d’un fort petit nombre d’observations; il jest.xependant bien peu de Mammifères
qui méritent davantage d’être étudiés, et précisément à cause de leur organisation
extraordinaire, qui les oblige à un mode d’existence plus extraordinaire
encore s’il-est^pêssible. La difficulté extrême qu’on éprouve à les nourrir en
captivité nous empêchera long-temps encore de connaître leur naturel, et les
secours qu’elles savent tirer de leur organisation pour se conserver, c’est-à-dire
pour se procurer leur subsistance, pour échapper à leurs ennemis, et pour se
propager. Il; faudra sans doute, pour réunir tous les phénomènes relatifs à ces
trois points fondamentaux de l’histoire naturelle de tout animal, multiplier les
observations sur un grand nombre d’individus de chaque espèce. Aussi ne considérons
nous les détails dans lesquels nous entrerons au sujet de la Barbastelle,
que comme une petite portion des faits propres à constituer l’histoire de cette
Chauve-Souris, assez commune chez nous, et assez connue par son organisation,
mais fort peu par ses moeurs, ses habitudes.
L’individu que j ’ai eu occasion d’examiner fut pris dans le mois d’octobre,
avec un second individu de la même espèce qui s’échappa (ils étaient l’un et
1 autre cachés dans le clocher dune église); et dans le mois de mai, se trouvaient
dans le même clocher trois autres espèces de Chauve-Souris, mais point de
Barbastelle. Enfermé dans une armoire vitrée où il y avait plusieurs tablettes
il la parcourut toute entière, passant par les plus petites issues, et finit par se
retirer dans le coin le plus obscur. Dans la station, il posait à terre la plante
entière de ses pieds et son poignet, ainsi que son pouce; les autres doigts, avec
la membrane qui les réunit, étaient relevés éontre l’avant-bras, et, par cette
position, garantis de tout frottement contre le sol; la queue était recourbée en
dessous, et la membrane qui l’enveloppe plissée de manière à remplir le moindre
espace. Dans la marché, les membres se soulevaient alternativement, comme il
arrive chez les autres quadrupèdes : l’avant-bras était d’abord porté obliquement
en avant, et suivi par le pied de derrière, du côté opposé. Ordinairement les
doigts restaient réunis, comme dans la station; mais quelquefois ils étaient un
peu écartés, comme pour maintenir l’équilibre de l’animal. On voyait parfois
l’ongle du pouce s’accrocher, comme pour aider le mouvement en avant du
tram de derrière, et souvent aussi il était rejeté sur le côté et sans aucun