LE PORC-ÉPIC D’ITALIE.
C et animal a été le sujet d’un grand nombre d’erreurs. Buffon en a déjà détruit
quelques-unes, et principalement celle qui consistait dans la pensée que ces animaux
avaient la faculté de lancer leurs piquants mais il en est quelques autres
contre lesquelles il n’a pu s’élever faute d’observations exactes, et qui ont continué
à être reproduites comme des vérités. La possession de plusieurs Porcs-Épics
nous ayant mis dans le cas de les examiner avec attention, nous avons pu ajouter
quelques faits à leur histoire, et contribuer par-là à la débarrasser de ceux dont
l’imagination et la crédulité s’étaient empressés de l’enrichir.
Nous savons par Agricola ( d e A n i m .3 s u b t e r .3 c a p . x x ) que le Porc-Épic n’est
point naturel à l’Italie, et qu’après y avoir été apporté de l’Inde ou de l’Afrique,
il s’y est acclimaté, et a continué à s’y reproduire à l’état sauvage. Ce Porc-Epic
ne diffère en effet de celui d’Afrique que par une taille plus petjte et de moins
fortes épines, ce qui peut être attribué à l’influence du climat.
On le rencontre principalement dans le royaume de Naples? et dans les parties
méridionales des États Romains. Il fuit les lieux habités, et se choisit pour retraite
les coteaux pierreux et arides exposés au sud-e st ou au midi, sur le penchant
desquels il se creuse des terriers profonds et à plusieurs issues, où il vit dans
une profonde solitude et dans une grande sécurité. Son extrême timidité le' porte
à passer le jour caché dans le fond de son gîte, et à ne s’occuper de pourvoir
à ses besoins que pendant la nuit. Lorsque le crépuscule finit, il s’approche avec
prudence de l’ouverture principale de son terrier, et ne s’expose au dehors que
lorsqu’il s’est bien assuré qu’aucun bruit ne se fait entendre. Dés que sa confiance
est rassurée., il va à la recherche des substances végétales qui servent à sa nourriture,
et qui consistent surtout en bayes, fruits, bourgeons, racines, etc., etc.,
ou si c’est à l’époque de l’année où le besoin de la reproduction se fait -sentir
pour lui, il se réunit à un individu d’un autre sexe que le sien. L’hiyer est pour
cette espèce un temps de sommeil j durant cette saison le Porc-Épic ne sort
point de son terrier et n’a besoin d’aucun aliment j mais cette léthargie ne paraît
pas être très-profonde, car aux premiers beaux jours il reparaît avec toute sa
force.
C’est dans ce calme que se passe la vie de cet animal, qui paraît s’étendre jusqu’à
quinze ou vingt ans. Il n’a guère d’autre ennemi à craindre que l’homme, qui
l’attend à l’affùt, et le recherche pour sa chair que l’on dit très-bonne. Les
animaux ne peuvent lui faire aucun mal à cause de ses épines longues et aiguës