lèvre supérieure, et en se réunissant à la bande du côté opposé, dès le milieu
de la mâchoire inférieure. Les côtés du grouin, le dessus des yeux et la face
interne de l’oreille, ont aussi quelques parties blanchâtres. La matière produite
par l’organe glanduleux des lombes a une odeur différente de celle du Pécari,
extrêmement fétide, ammoniacale, très-pénétrante, et que je ne puis comparer
à aucune autre odeur.
Notre Tajaçu a montré assez d’intelligence 5 mais il a paru en avoir sensiblement
moins que le Pécari. Il distingue bien la personne qui le soigne, et se
plaît même à en être caressé ; pour celles qui lui sont étrangères, il les attaque,
et leur court dessus, la tête baissée, pour les mordre ou les frapper de ses
canines ; mais on l’écarte facilement, dès qu’on manifeste l’intention de se défendre,
ce qui annonce qu’il a su profiter, jusqu’à un certain point, des corrections qu’il
a reçues. Sa taille, de l’oreille à la partie postérieure du corps, est de 2 pieds;
sa tête, de l’oreille au bout du grouin, a 8 pouces, et sa hauteur moyenne est
de 18 pouces.
Quoique beaucoup de voyageurs aient sans doute parlé de l’animal qui fait
l’objet de cet article, ce n’est que de M. d’Azara que nous pouvons tirer quelques
renseignements pour son histoire, les autres, ainsi que nous l’avons dit, n’ayant
pas distingué le Tajaçu du Pécari.
Ce savant voyageur nous apprend que cet animal reçoit au Paraguai le nom de
Tagnicati; qu’il vit en troupes nombreuses, conduites par un des plus forts mâles,
et qu’il n’habite que les plus grandes et les plus épaisses forêts. Lorsqu’une troupe
de Tajaçus est en marche, le chef qui la conduit l’avertit, au premier bruit qu’il
entend , par le claquement de ses dents, de se tenir sur ses gardes : ce signal
est généralement répété, et la troupe s’arrête; s’ils ne sont point attaqués, ils
continuent paisiblement leur chemin : si au contraire ils ont quelques dangers à
craindre, ils se réunissent, se jettent sur leur ennemi, qui est inévitablement
mis en pièces s’il ne parvient pas à tuer le chef de la troupe ; car alors tous les
autres fuient et se dispersent. Le même auteur assure que les Tajaçus ne mettent
au monde que deux petits.
Je n’ai point de synonymie à rapporter, ni de figure de Tajaçu à citer. Cet
animal est le Dycotiles labiatus de mon frère, et c’est par conséquent sous ce
nom qu'il prendra sa place dans les Catalogues méthodiques.
M a r s 1821
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