cette espèce qu’on pourrait rapporter le Moschus Indicus de Schreber (pl. 245),
et le Moschus delicatulus de Shaw (Sch., pl. 245 B), mais il est aussi très-douteux
que ces animaux soient des Chevrotains; et tout me fait présumer qu’ils éprouveront
le sort de plusieurs autres animaux pris, pour des Pygmées,- qu’il redeviendront
des Faons de Cerf dès qu’il sera possible de les examiner.
4. Le C h e v r o t a in d e J a v a , Moschus Javanicus, appelé par les Malais Kantchil,
et dont jusqu’à présent nous devions la connaissance à Buffon seul. (Suppl.,
tom. Y I , pl. 3o.) M. Rafïïes vient d’en donner une nouvelle description dans le
tome XIII des Transactions linnéennes; et il est assez vraisemblable que c’est de
cette espèce dont Daubenton a parlé, sous le nom de Chevrotain adulte (BuIF.,
tom. XII, pag. 344) , et dont il a fait figurer une tête, pl. 43. Le Cabinet*du
Muséum en possède plusieurs individus envoyés par MM. Léchenault et Diard.
Son caractère spécifique consiste dans les trois raies blanches qu’il a sous le cou.
5 . Le N a p u , Moschus Napu 3 dont nous donnons la figure et la description, et
qui a cinq raies blanches sous le cou.
Les autres ^espèces de Chevrotains qu’on avait établies d’après Seba, ont déjà été
rayées: des Catalogues méthodiques, et avec raison, ces animaux appartenant à la
famille des Antilopes ou à celle des Cerfs5 et Seba lui-même ne les donnait pas
pour autre chose. Comment se. fait-il que cet auteur n’ait pas été cru précisément
dans un dès cas très-rares où il méritait de l’être?
Le Napu est de la taille d’un grand Lièvre, et il est difficile de trouver dans
les animaux qui sont généralement connus, une physionomie qui rappelle la
sienne. Son corps est lourd, et ses jambes d’une finesse extrême. Sa tête, arquée
et longue, n’a point de grâce, et a de la ressemblance avec celle de l’Agouti et
du Grimm, et ses grands yeux semblent plutôt annoncer de la stupidité que de
la douceur; si l’on ajoute à ces traits que le Napu se tient ordinairement retiré
sur lui-même, et d’une immobilité parfaite lorsqu’il se repose debout, ou ramassé
en boule, les jambes cachées sous lui lorsqu’il se repose couché, et qu’en marchant
il ramène pesamment son train de derrière en avant, on ne s’en fera point
une idée aussi agréable que celle qu’on aurait été porté à se faire, en ne consultant
que les récits auxquels, jusqu’à présent, les Chevrotains ont donné lieu.
Sa couleur générale est un brun mélangé irrégulièrement de reflets gris-noirâtres
ou fauves. Le fauve domine tout le long du dos et de la queue, sur les
jambes, sur le cou et sur la tête ; le gris et le noir l’emportent au bas des épaules,
sur les flancs et sur les cuisses. Ces différentes teintes résultent des poils qui, sur
les parties fauves, sont de cette couleur, dans leur plus grande étendue, et noirs
à leur pointe; le cou et la tête sont d’un brun plus foncé que le dos, parce que
la pointe noire des poils est plus étendue. Les parties grises ont dés poils qui
sont gris dans leur plus grande longueur, et noirs à la pointe, et c’est dans le
cas où ces poils sont trés-rapprochés et couchés l’un sur l’autre, que quelques-
unes de ces parties paraissent noires. La mâchoire inférieure est blanche, et deux
lignes blanches qui en naissent, s’étendent jusqu’au delà des joues5 deux autres
bandes blanches naissent du même point que les premières, et vont en descendant
se terminer aux épaules; enfin une bande moyenne descend sur la poitrine
en s’élargissant, et vient se confondre avec le blanc de cette partie. Le bord
supérieur des deux premières bandes blanches est bordé de noir, et les autres
bandes sont toutes séparées l’une de l’autre par des poils d’un brun noir. Le
ventre, la partie antérieure et supérieure des jambes de derrière, la partie postérieure
et supérieure des jambes de devant, et le dessous de la queue, sont
ancs. Le bout du museau est nu; les yeux sont aussi entourés d’une partie
nue, de laquelle naît une bande dépourvue de poils, qui va rejoindre le bout
du museau; et toutes ces parties nues sont noires, avec une légère teinte violâtre.
.Les organes de la mastication, des sens et des mouvements diffèrent peu de
ceux des Gazelles. Les incisives de la mâchoire inférieure, les seules qu’il y ait
sont au nombre de quatre de chaque côté; la première est large, mince, « semblable^
une palette; les deux suivantes, beauooup plus étroites, se terminent
en pointe,: et sont un peu crochues; la quatrième est un peu plus large que
les deux précédentes, et toutes sont renforcées d’une côte longitudinale à leur
lace interne. Les mâcheliéres sont au nombre de six de chaque côté des deux
mâchoires; les trois premières, à l’üne et à l’autre mâchoires, sont plus simples
que'les trois suivantes, qui ressemblent aux molaires des ruminants, et qui sont
semblables entre elles, excepté la dernière de la mâchoire inférieure, qui a un
obe postérieur déplus que les autres. Enfin, à la partie antérieure de l’os maxil-
aire supérieur naît une petite dent comprimée, à pointe mousse, et légèrement
penchée d avant en arrière, qui est l’analogue des canines des Cerfs, et qui se
trouve beaucoup plus développée chez quelques autres Chevrotains que chez
celui-ci. Les yeux, sans larmiers', ont une pupille elliptique horizontalement; les
oreilles ont la conque ovale, et d’une structure assez simple. Les narines sont
environnées par un muffle. La bouche est très-grande ainsi que la langue qui
est douce, et qui peut s’étendre jusque sur l’oeil; les lèvres ne sont point garnies
de moustaches; on n’aperçoit point de brosses aux jambes, et les poils, lisses et
doux, sont d’une seule nature, c’est-à-dire soyeux.
Les membres ne présentent rien de très-particulier : les doigts sont réunis par
une membrane assez lâche presque jusqu’à la naissance des ongles, qui sont très-
longs et très-aigus; et les ergots sont également longs, cylindriques, et terminés
en pointe. On voit dans l’individu que je décris, une partie longitudinale nue
sur le sternum, qui ressemble, plutôt par la place qu’elle occupe que par l’épaisseur
de lépiderme, à une callosité, et en effet, c’est sur cette partie que l’animal
se couché; une petite partie nue se trouve aussi sur le poignet que l’animal
appuie sur le sol, quand il est couché; mais je ne sais si c’est un accident ou un
caractère constant de l’organisation. La vulve est très-simple, et l’on trouve quatre
mamelles abdominales très-rapprochées l’une de l’autre, qui ne doivent former
qu’un seul pis lorsqu’elles sont pleines de lait.
Les dimensions de cet animal sont les suivantes :
Longueur de son corps, de la partie antérieure des épaules à l’origine
de la queue................................................................................. t
----------- - deson cou, de la même partie des épaules à la base de l’oreille. » . . . . 4.
de la tête, de la base de l’oreille au bout du museau. . . . » . 4
- de la queue, de son origine à son extrémité........................... » 3
Hauteur du train de devant.
---------------------- de derrière.
M. Duvaucel nous apprend que le Napu, espèce naturelle à Sumatra, est un
animal peu sauvage, qui se familiarise facilement avec les personnes qui le