qui, sous sa protection, peuvent parcourir les pâturages avec plus de sécurité
qu’ils ne pourraient le faire sans ce secours. Cette espèce, originaire d’une contrée
fort chaude, réussirait mieux d’ailleurs dans les régions méridionales, que notre
Cheval, qui s’y naturalise avec peine, y est sujet à de nombreuses maladies, et y
perd une partie des qualités qui chez noos lui semblent naturelles. Elle s’apprivoiserait
d’autant mieux, qu’efle a l’instinct de la sociabilité : les Couaggas
vivent en troupes nombreuses* et l’on sait que c’est presque une condition essentielle
pour qu’un animal soit propre à devenir domestique. Gordon assure même
avoir vu des colons au Cap de Bonne-Espérance, qui étaient parvenus à apprivoiser
de ces animaux et à les atteler comme des chevaux 5 mais il paraît que ces
premières tentatives n’ont point eu de suites.
Le Couagga est un peu plus petit que le Cheval. Voici les dimensions principales
de celui qu’a possédé la Ménagerie*, et qui était un mâle adulte :
Longueur du corps, de la poitrine à l’origine de là queue 3 . . . . 5 . . . .
•-----------— du c o u d e p u is le garrot à l’o cc ipu t. i . . . . 6
— — ■ de la tête, de l’occiput au bout du nez. .................................. i . . . . 3. . . . .
------------- de la queue a . . . . 3 . . . .
Hauteur au g a r r o t ............................................................................................................ 3' . . . . 9 . . . .
Sa physionomie se rapprochait beaucoup plus de celle du Cheval que de celle
de l’Ane i la grandeur de sa tète n’avait rien de disproportionné, et la longueur
de ses oreilles n’était que de six pouces* il avait la croupe arrondie, et ses sabots,
très-bien conformésy~achevaient sa ressemblance avec le noble compagnon de
l’homme.
Il a déjà été figuré en noir, d’après le dessin de Maréchal, et décrit par mon
frère dans la ménagerie du Muséum d’histoire naturelle * nous ne pouvons donc
mieux faire que de transcrire ici cette description. « Le fond de la couleur est,
sur la tête et sur le cou, un brun foncé tirant sur le noirâtre* sur le dos, les
flancs, la croupe et le haut des cuisses, un brun clair, qui pâlit et se change
en gris roussâtre sur le milieu des cuisses* leur partie inférieure, toutes les
jambes, tout le dessous du corps et les poils de la queue sont d’un assez beau
blanc. Sur le fond brun de la tête et du cou, sont des raies d’un gris blanc,
tirant sur le roussâtre * elles sont longitudinales, étroites et serrées sur le front,
les tempes et le chanfrein, transversales et un peu écartées sur les joues* entre
l’oeil et la bouche elles forment des triangles, parce qu’elles sont larges au milieu
et étroites aux deux bouts* le tour de la bouche est tout brun et sans raies*
le bord de la lèvre supérieure est grisâtre. Il y a dix bandes sur le cou* la crinière
ne va que jusqu’à la neuvième* elle est courte, bien droite, comme celle d’un
Cheval auquel on l’aurait coupée et peignée avec soin* elle a une tache blanche
vis-à-vis de chaque bande du cou * les intervalles sont gris-brun * sur l’épaule
sont quatre bandes pareilles à celle du cou, mais qui se raccourcissent par degrés
jusqu’à la quatrième, qui est la dernière de toutes. Le reste du corps n’offre
plus que des rayures à peine sensibles, d’un brun plus clair sur un brun plus
foncé. Tout le long de l’épine du dos régne une bande d’un brun noirâtre,
accompagnée de chaque côté d’une ligne étroite gris-roussâtre* ces trois lignes
se continuent sur la partie de la queue qui n’a pas de longs poils. »
Toutes les parties qui se rapportent aux caractères génériques, c’est-à-dire les
organes du mouvement, des sens,.de. la génération, et les dents, sont comme
chez le Cheval; c’est pourquoi nous n’en parlerons point ici, devant le faire
lorsque nous traiterons de ce dernier animal. L’individu que nous venons de
décrire n’était point farouche, mais il était méchant et obstiné; il cherchait à
mordre et à frapper des pieds dés qu’on le contrariait,' et il se couchait sur les
genoux lorsqu’on voulait le faire avancer par force. La vue des Chevaux et des
Anes le faisait hennir, et son cri ressemblait à un hurlement aigu, et se composait
des sons ouau, ouau, poussés vivement. Ayant été réuni à une Anesse en chaleur,
il la couvrit; mais il n’y eut point de fécondation; et il mourut à l’âge de dix-huit à
vingt ans. Il paraît que dans leur jeune âge les Couaggas ont des couleurs plus vives
que dans leur vieillesse; et s’il n’y a pas plusieurs espèces de Couaggas, leurs couleurs
varient et le nombre de leurs raies augmente suivant les races ou les individus
: les figures de Couaggas qu’on trouve dans Allamand (édition de Buffon,
supplément, tom. V , pl. 6), et dans Edwards (J'emale Zébra, pl. aa3) , sont
sensiblement différentes de celle de Maréchal que nous publions; et les cabinets
du Muséum possèdent un de ces animaux dont le fond du pelage est beaucoup
plus brun que n’étoit le pelage du nôtre, et les bandes de corps beaucoup plus
grandes et plus marquées. Nous ne connaissons que les figures de Couaggas que
nous venons de citer. Buffon et Shaw ont copié la première, et Schreber a copié
la seconde.
Les Hottentots ont tiré de la voix du Couagga le nom de khoua khoua qu’ils
lui donnent, et duquel nous avons nous-mêmes tiré celui qu’il reçoit de nous
cette espèce est YEquus Quagga des Catalogues méthodiques.
Juillet 182 1.