LE FURET.
C et animal est vraisemblablement le moins domestique de tous ceux que l’homme
s est associés : il ne paraît connaître ni son maître ni son gîte, ne semble être
lié par aucune affection, et même par aucune habitude. Si celui qui le nourrit
1 appelle, il ne lui répond ni ne l’écoute; s’il le caresse, il ne témoigne aucune
joie; si sa cage lui offre une issue, il s’échappe et ne revient point. Sans éprouver
le besoin de la liberté, il la saisit dés qu’il peut la recouvrer, et devient bientôt
la victime des dangers dont les soins de l’homme le garantissaient, et qu’il n’a pu
apprendre ni à connaître ni à fuir.
Si l’on doit en croire. Strabon, le Furet aurait été porté des provinces septentrionales
de 1 Afrique en Espagne ; et c’est sans doute de cette dernière contrée
quil a passé chez nous. Alors les Africains l’avaient déjà soumis; ils l’employaient
à la chasse du Lapin, et en effet les Espagnols le recherchèrent pour en tirer
es mêmes services; autrement rien n’aurait empêché ceux-ci de dresser à cette
chasse une espèce voisine, la Belette, par exemple, qui a les mêmes facultés et les
mêmes penchants ,.qui se, serait soumise à la même contrainte, et qui se trouvait
chez eux. C’est donc encore à l’Orient que nous devons ce dernier des animaux
domestiques; nous avons aussi été demander à cette contrée celui de tous que
pous poumons le plus facilement former nous-mêmes; comme si les hommes qui
habitent eussent reçu de la nature des qualités dont les peuples septentrionaux
auraient été privés : et cependant, par une heureuse compensation, ceux-ci seuls
ont su féconder les découvertes des autres, perfectionner la civilisation par l’accroissement
des lumières, et multiplier les ressources des arts et de l’industrie;
car il n’y a aucune comparaison à faire entre le parti que nous avons tiré des
animaux domestiques, et celui qu’on en tire dans les contrées de l’Orient, où
ces animaux ont commencé par être ass.ociés aux travaux de l’homme. Le Furet
cependant est resté ce qu’on en avait fait d’abord; ses races ne se sont point multipliées,
et les services que nous en tirons sont encore circonscrits à la seule chasse
dtr Lapin.
On ne connaît point les moeurs naturelles de cet animal. Les auteurs qui ont
pu le voir dans l’état de nature en parlent peu. Schaw le Voyageur se borne à
ire qu en Barbarie on le nomme Nimse. Tout fait présumer que sous ce rapport
i ressemble à nos petites espèces de Martes, au Putois et à la Belette; qu’il se
nourrit comme elles de petits animaux, d’oeufs, etc., et que la nuit est pour
1 e temps de la veille, tandis qu’il passe le jour entier A dormir. Dans l’état