LE BLAIREAU.
C e t t e espèce constitue son genre à elle seu le ; son système d’o rganisation lui
est exclusivement p rop re ; aucune autre espèce ne v ien t.se placer à ses côtés -
on la dirait soustraite à toutes les influences par une force particulière qui là
ferait sortir des règles communes de la nature, e t qui nous ferait accuser celle-
ci d’impuissance ou d’irrégular ité, si nous n’avions appris à nous défier de nos
conjectures, plutôt qu’à douter de sa force et de son immensité.
Mais si le Blaireau se trouve isolé comme espèce, il entre fort naturellement,
comme genre, dans la série de ceux qui composent la famille des Martes, c’està
à-dire des carnassiers proprement dits, qui se caractérisent par une molaire
tuberculeuse au fond de chaque mâchoire; mais ces molaires, chez le Blaireau
se distinguent, et principalement celles d’en haut, par leur étendue dont l’effet
est de restreindre l’étendue des carnassières, et par conséquent la faculté qu’a
cét animal de se nourrir de chair. En effet, la molaire tuberculeuse de la mâchoire
supérieure, à elle seule, remplit une longueur qui égale celle qu’occupent la
molaire carnassière, et les deux fausses molaires qui la précédent ; d’où il est
encore résulté que la moitié postérieure de la carnassière d’en bas s’est agrandie
pour se trouver opposée à la grande tuberculeuse d’en haut; ce qui l’a rendue
moitié tuberculeuse et moitié carnassière. Du reste le Blaireau, outre la tuberculeuse
et la camassièrequi se trouvent au fond de chaque mâchoire, a deux fausses
molaires à la mâchoire supérieure, et quatre à l’inférieure; mais la première de
celles-ci n’est qu’en rudiment. Les canines et les incisives sont semblables à celles
de tous les autres genres de la famille des Martes, c’est-à-dire que les premières
ressemblent aux canines de tous les carnassiers, qu’il en est de même
des incisives supérieures ; et que l’incisive moyenne de : chaque maxillaire inférieure
n’est pas implantée sur la même ligne que les deux autres, mais
beaucoup plus en dedans; ce n’est que par l’extrémité de sa couronne qu’elle
devient parallèle à celles-ci, et pour cet effet elle se trouve couchée plus en
avant.
Quoique rapproché des Martes par le système de dentition, le Blaireau est
loin de ressembler à ces animaux si fins, si légers, si vifs, qu’il n’est peut-être
aucune famille de Mammifères qui, sous ce rapport, puisse les égaler. Il est au
contraire lourd et grossier, son corps est épais, sës mouvements sont lents, et sa