L’ÉCUREUIL DES PYRÉNÉES.
J i g n o r e si cet Écureuil a jamais été décrit, et s’il n’a pas toujours été regardé,
ainsi que le font aujourd’hui quelques naturalistes, comme une variété de l’Écureuil
commun. Ce qui est certain, c’est que les caractères qui le distinguent de
cette dernière espèce ne sont point accidentels, qu’ils ne tiennent ni à l’âge, ni
au sexe, ni à la saison j ils ont toute la constance des caractères spécifiques : les
jeunes les apportent en naissant, et les adultes les conservent toujours ; ils ne
sont pas non plus, je crois, de nature à pouvoir être considérés comme des caractères
de races que la génération reproduirait, mais qui tiendraient cependant à
des causes fortuites, et non point à l’organisation primitive de l’animal. Du moins
n’a-t-on point, il me semble, d’exemples suffisants et d’analogies assez fortes, dans
H § enre ^6S cureu^s ’ Pour faire abstraction des différences qui distinguent
1 Écureuil commun de l’Écureuil des Pyrénées, et induire leur identité spécifique.
La simple comparaison de ces deux animaux pourra le démontrer.
Partageant les idées les plus généralemènt reçues, lorsque je publiai la figure
de 1 Écureuil commun, je considérai cette espèce comme étant la seule qu’on rencontrât
dans les parties septentrionales de l’ancien Monde 5 et si les réflexions
qui me furent suggérées à l’occasion de ce rapprochement perdent un peu de
leur généralité par l’espèce nouvelle que je suis aujourd’hui porté à admettre
dans ces contrées, elles ne restent pas moins vraies. En effet la nature est si
riche, si prodigue de sa puissance, si infinie dans ses moyens ! nous sommes tellement
habitués à la voir varier les espèces dans le rapport des circonstances propres
à agir sur les organes qui les caractérisent, que nous devons toujours nous étonner
de ne rencontrer qu’un si petit nombre d’Écureuils dans des contrées si différentes
et si étendues, et qui paraissent être aussi favorables qu’aucune autre à la
nature intime de ces animaux, au développement de leurs principaux systèmes
d’organes j tandis qu’au contraire nous trouvons dans le nouveau Monde, et sous
les mêmes parallèles, un nombre comparativement très-grand d’espèces de ce
genre. Il y a même plus : c’est que quand nous croyons que la nature manque
à ses lois, c’est-à-dire à cette harmonie qui fait son essence, c’est presque toujours
nous qui manquons d’observations j et alors il serait aussi naturel et plus
.Sûr de chercher à détruire les anomalies par des observations nouvelles, que de
chercher à les expliquer par des hypothèses.
L’Ecureuil des Pyrénées commence donc à remplir une lacune dont il était
difficile de rendre raison. Sa couleur est d’un brun très-foncé, tiqueté de blanc