noire 5 mais la partie de ce pelage la plus remarquable est celle du dessous et
des côtés du cou : elle est d’un blanc pur, relevé par des lignes noires très-
distinctes l’une de l’autre, et semblables de chaque côté. L’une naît derrière
l’oreille, et se prolonge jusque vers le bas du cou, en séparant la partie noire
roussâtre des épaules de la partie blanche $ tine seconde, qui prend naissance
au bas de l’oreille, descend parallèlement à la première, et vient se réunir sous
le cou avec celle du côté opposé, de manière à former un collier5 une troisième,
commençant vers le milieu de la seconde, vient aussi jusque sous le cou se
réunir à la ligne opposée5 et enfin une quatrième, plus petite que les autres, se
trouve isolée à la partie postérieure des mâchoires, sur la limite du gris de la
tête. Le pelage est assez fourni, mais surtout de poils soyeux : les laineux sont
très-rares, et les premiers sont beaucoup plus longs sur l’épine du dos que sur
les autres parties du corps. Les moustaches sont blanches et noires 3 blanches
sur la partie de la lèvre qui a cette couleur, noires sur les parties qui sont
grises.
Tout ce que j ’ai dit à l’article de la Genette, sur les dents, les organes des
sens, ceux du mouvement et ceux de la génération, convient sans réserve au
Zibeth5 seulement la poche du musc, située entre l’anus et les parties génitales,
est, chez ce dernier animal, beaucoup plus grande que chez l’autre, et constitue
un véritable sac dont le fond, divisé en deux parties, est terminé par deux
paquets de glandes qui produisent la matière odorante.
On ne possède aucune observation sur le naturel du Zibeth. A en juger par
celui que je décris, c’est un animal dormeur qui voit mal pendant le jour, et
qui, comme le renard, pourvoie à ses besoins pendant le crépuscule et pendant la
nuit, qui attaque les petits mammifères, les oiseaux, les reptiles, et qui se nourrit
aussi quelquefois de fruits sucrés. Il est généralement silencieux, et il menace,
lorsqu’on l’irrite, en grondant et en soufflant à peu près comme le Chat domestique,
et en hérissant ses poils tout le long de l’épine. La Ménagerie du Roi doit
cet animal à la générosité de M. Dussumier de Bordeaux, qui l’a ramené des
Philippines en Europe. Par ce que disent les voyageurs, par le petit nombre
d’objets que les cabinets possèdent, et par ce que M. Dussumier a rapporté tout
nouvellement de ces contrées, découvertes depuis si long-temps, et cependant
si peu connues, il paraîtrait qu’il n’en ést point aujourd’hui de plus propres à
enrichir l’Histoire naturelle. Semblables à toutes les grandes terres isolées, à
Madagascar, à la Nouvelle-Hollande, à la Nouvelle-Guinée, on les dirait le résultat
d’une création nouvelle j la plupart de leurs productions se montrent avec de
nouveaux caractères, et annoncent des principes d’existence inconnus : aussi les
voyageurs naturalistes qui les exploreront seront-ils sûrs d’y faire des découvertes
nombreuses et importantes dans toutes les branches de la zoologie.
La grande ressemblance qui existe entre la Civette et le Zibeth permet difficilement
d’établir la synonymie de ce dernier d’après les figures et les descriptions
des auteurs antérieurs à Buffon. Les deux figures que Gessner donne sous le nom
de Zibeth, celles que l’on trouve sous le même nom dans Hernandès (p. 538,
58o et 581) et dans Aldrovande (p. 342), n’ont, ainsi que les descriptions qui
les accompagnent, rien qui les caractérise absolument.
On pourrait même en dire autant de I’A nim al d u Musc, figuré et décrit dans
les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, par M. de la Peyronme,
année 1731, quoique Buffon ait pensé le contraire 5 car les caractères qui portent
ce naturaliste à distinguer ces deux animaux n’existent point. Nous avons vu en
effet que le Zibeth mâle a une crinière le long de bépine, et la Civette, comme le
montre la figure de la Ménagerie du Muséum d’Histoire naturelle, a des anneaux
à la queue. De plus, Buffon dit que son Zibeth n’avait pas de double collier, et
Daubenton, au contraire, décrit ce double collier qui est même très-nettement
représenté par la figure. Au reste, nous donnerons bientôt la figure d’une Civette -,
c e qui lèvera toute incertitude sur les différences de ces deux espèces, et sur
les traits par lesquels elles se caractérisent.
Octobre 1820.