LE SCHERMAUS.
C e t t e espèce de Campagnol, dont l’existence paraît encore douteuse, avait
probablement été désignée par Linnæus, qui l’avait découverte en Suède, sous
le nom de Mus terrestris (Fauna suec., 3 i ; L., Syst. nat., 12’ edit., tom. I, pag 8a),
mais on la confondit bientôt avec le Rat d’eau. Ce fut Hermann qui la retrouva
en Alsace, et qui la fit connaître à Bufifon, lequel prépara sur cette espèce un
article, accompagné d’une figure, qu’on trouve dans ses Suppléments (tom. VII,
Pa§* ’ 78, pl. 70), et qui, par erreur, porte le nom de Schermann. Hermann lui-
même avait fait une histoire du Schermaus, que M. Hammer a publiée dans les
OEuvres posthumes de ce savant naturaliste. Cependant, depuis cette époque, c’est-
à-dire depuis environ trente ans, le Mus terrestris n’avait point été revu, ses dépouilles
n’avaient point été conservées, on n’avait pu vérifier et confirmer les caractères
que Hermann lui avait donnés pour le distinguer du Rat d’eau, et l’on était
prêt à le confondre de nouveau avec ce dernier; mon frère, en effet, ne regarde
le Mus terrestris et le Schermaus que comme des Rats d’eau. (Le Régne animal, etc.,
tom. I, pag, 192, note 1.) Cette disposition constante à réunir ces deux espèces en
une seule ne peut avoir eu d’autres causes que leur grande ressemblance, et l’insuffisance
des caractères donnés par Linnæus et par Hermann pour les distinguer. Je
dois donc, en décrivant le Schermaus, entrer dans plus de détails qu’eux, et établir
entre lui et le Rat d’eau une comparaison plus rigoureuse qu’ils ne l’ont fait.
Cé n’est point, au reste, dans les couleurs du pelage, ni dans la structure des
dents, des organes des sens, du mouvement et de la génération, qu’on peut
trouver des différences caractéristiques entre ces animaux. Sous ces différents
rapports, ils ont entre eux la plus complète ressemblance. Les seuls points par
lesquels ils me paraissent différer l’un de l’autre, c’est par les proportions générales,
les formes de quelques parties de la tête, la longueur et le nombre des
vertèbres de la queue.
Je ferai connaître les parties principales de l’organisation du Schermaus en
donnant l’histoire du Rat d’eau; je me bornerai ici à parler de ce qui les distingue,
et des couleurs de l’espèce qui fait plus particulièrement l’objet de cet article.
Le Schermaus est plus court que le Rat d’eau d’un tiers environ; mais sa tête
est proportionnellement plus large, et la distance de l’ethmoïde à l’origine des
os du nez plus courte, par rapport à la distancé des'arcades zygomatiques; il
résulte de cette dernière circonstance, que l’espace occupé par la partie antérieure
du cerveau est plus large et moins allongé. Mais c’est la queue qui offre le