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L’OURS NOIR D’AMÉRIQUE.
C e t t e espèce na vraisemblablement aucun rapport avec l’Ours noir d’Europe
dont plusieurs auteurs ont parlé, et qui n’est, suivant toute apparence, qu’une
variété de lOurs brun. En effet, cette variété, que nous croyons avoir vue au
Combat des Animaux, ne différait de l’Ours brun que par une couleur beaucoup
plus sombre ; elle en avait le pelage et la tête, ce qui suffisait pour le distinguer
nettement de l’Ours noir d’Amérique, qui, sous ce rapport, se caractérise par
un chanfrein arrondi, par un museau qu’aucune dépression, pour ainsi dire, ne
séparé du front, et par un pelage lisse et non point crépu, comme nous le
verrons en détail plus bas.
Buffon avait d abord regardé l’Ours noir d’Amérique comme une simple variété
de lOurs brun d’Europe; mais ensuite, ayant vu un individu de cette espèce à
la Ménagerie de Chantilly, il en acquit une idée plus juste, sans toutefois en
faire une espèce distincte. Ce fut Pallas (Zpic. Zool. i 4 , pag. 6, 26), qui, le
premier, reconnut ses caractères; et depuis, cette espèce a été adoptée.
La plupart des voyageurs qui ont visité l’Amérique septentrionale parlent de
cet Ours; et, en réunissant ce qu’ils en rapportent, on obtient de son espèce
une histoire à peu près aussi détaillée que celle que nous avons de l’Ours qui
habite nos montagnes.
Sous le rapport du genre de vie et de la nourriture, l’Ours noir d’Amérique
a beaucoup de ressemblance avec l’Ours brun d’Europe : il habite le fond des
forêts et les contrées les plus sauvages, et ne se rapproche des pays cultivés que
lorsque la rigueur de la saison le prive de toute nourriture dans ses cantonnements
ordinaires; il mange des fruits, des racines, des insectes, de la chair, et
même du poisson, dont il est, dit-on, très-friand : aussi descend-il au bord des
lacs et de la mer pour pêcher. Il n’attaque les grands animaux et l’homme que
lorsqu’il est vivement pressé par la faim. Ses allures, comme celles de l’Ours
brun, sont lourdes et embarrassées, mais il monte facilement aux arbres et nage
bien; et dans ses excursions, suivant toujours les mêmes chemins, il finit par les
si bien frayer, que les sauvages les suivent pour le découvrir et le chasser.
Dans nos climats, c’est généralement la saison qui détermine l’époque de la
retraite des Ours et sa durée. Il n’en est pas tout-àffait de même pour les Ours
noirs d’Amérique : lorsque l’hiver commence dans les parties les plus septentrionales,
ceux de ces régions les abandonnent pour se rapprocher des parties
moins froides, et ils se cantonnent dés que la saison les y-oblige; alors ils se