LE PETIT-GRIS.
J ’a i donné le nom ¿ ’É c u r e u i l , V a r i é t é P e t i t - G r i s , à l’animal que je vais
décrire, par égard pour l’opinion générale des naturalistes, qui s’accordent à le
regarder comme une.simple variété de l’Écureuil commun, naturelle aux régions
les plus septentrionales de l’ancien Monde, et produite par le froid de ces contrées
polaires. Cependant, lorsqu’on examine les autorités sur lesquelles cette
opinion repose, on ne peut se défendre de quelques doutes; et l’on sent que,
pour l’admettre sans restriction, des observations plus positives que celles qui
ont été faites sont encore nécessaires.
II faut d’abord écarter de cet examen le Mus Ponticus des anciens ( Aristote,
Hist. des Anim., liv. VIII, chap. 17; et Pline, liv. VIII, chap. etc.), qui n’est
point le Petit-Gris., comme on pourrait l’induire de ce que dit Gessner. Il paraîtrait
cependant que cet Ecureuil nous était connu depuis fort long-temps; tout
porte en effet à penser que c’est de sa fourrure qu’on a entendu parler, dans le
moyen âge, sous le nom de Vair, qui s’est conservé dans le blason, et que
Nicot dérive de Varius. C’est aussi sous ce dernier nom qu’on trouvait vulgairement
désigné chez nous., comme le dit Gessner, un Écureuil, gris en dessus
et blanc en dessous, qui paraît avoir avec le Petit-Gris les plus grandes analogies;
et il est à remarquer qu’aujourd’hui c’est celui-ci qui est employé dans tous
les usages où l’était l’autre. Ce Sciurus Varius paraît être aussi le Mus Lassicus
de Mathiol.
Gessner, en rapportant qu’on trouve des variétés grises de l’Écureuil commun,
n’ajoute rien qui le mette hors de doute, et surtout qui établisse l’identité de
cette variété avec le Petit-Gris véritable. Il en est de même des divers auteurs
qu’il cite, d’Aldrovande, qui l’a copié, et de tous les compilateurs qui sont venus
après eux, jusqu’aux temps modernes. Il paraît que Regnard (Voy. en Laponie,
tom. I, pag. i 63) est le premier voyageur qui ait dit d’une manière affirmative
que les Petits-Gris qu’il trouva en Laponie sont nos Écureuils, « qui changent
leur couleur rousse lorsque l’hiver et les neiges leur en font prendre une grise » ;
mais comme il ne passa dans le Nord que deux mois d’été, il n’a pu, ainsi que
l’observe fort bien Buffon, être témoin de ce changement de couleur ; il ne le
rapporte donc que d’après l’opinion établie à cette époque; et si Linnéus, dans
sa Fauna suecica, ainsi que Retzius, dans la nouvelle édition qu’il a donnée de
cet ouvrage, disent que les Écureuils communs deviennent gris en hiver; ils ne
1 affirment point expressément et de manière à faire penser qu’ils le rapportent