que c e lle -c i ne correspond, dans la mastication, qu’à la partie postérieure de la
première, qui, par sa partie antérieure, correspond au talon qui prolonge la carnassière
inférieure. Les canines et les incisives n’oiïrent aucune particularité remarquable.
J’ai peu de chose à dire des organes des sens, n’ayant pas vu moi-même cet
animal. Les yeux ne paraissent être accompagnés d’aucun organe accessoire 3 les
oreilles ont une conque externe Arrondie et assez petite. Le museau est terminé
par un mufle qui s’étend jusqu’à la partie extérieure des narines inférieurement.
La .langue est do'uce. J’ignore l’état des parties génitales. Les pieds paraissent
être en partie plantigrades, et ressembler à cet égard à ceux des Mangoustes3
ils ont cinq doigts armés d’ongles fouisseurs, beaucoup plus longs et plus forts
aux pieds de devant qu’aux pieds de derrière. Dans les premiers,-les trois doigts
du milieu sont les plus longs 3 les deux externes sont plus courts et à peu près
égaux. Aux pieds de derrière, les doigts qui correspondent au premier et au second
des nôtres sont les plus longs 3 ceux qui correspondent au troisième doigt
et au pouce viennent après, et le petit doigt est le plus court3 mais c’est l’ongle
du pouce qui est le plus épais et le plus fort. Le pelage est très-fourni et très-
long, surtout aux parties postérieures, et il est formé de poils soyeux passablement
roides, et de poils laineux en assez grande quantité. Sur les membres et
la tête, ils sont l’un et l’autre en petite quantité, mais ils augmentent et s’allongent
en avançant vers les parties postérieures : de sorte que sur le dos et les
flancs, les soyeux ont deux pouces de longueur, et sur la queue ils en ont cinq
et six. Le blanc et le brun-noir sont les couleurs de cet animal. La tête, les
épaules, les côtés du corps et ses parties inférieures et postérieures, les membres
et une ligne qui naît entre les épaules, et qui s’avance en s’élargissant sur la queue,
où elle se termine, sont noirs3 le blanc commence entre les deux yeux, s’élargit
sur le sommet de la tête, continue à s’étendre sur les côtés du corps, et vient se
réunir à la queue, où il se mêle avec beaucoup de poils noirs. On voit encore
deux taches blanches de chaque côté 3 l’une sur les membres antérieurs, et l’autre
sur les cuisses 3 et quelques poils blancs se mêlent aux poils noirs du ventre.
L’individu qui a servi de sujet' à la figure que nous donnons, et que nous
devons à mon frère, venait de la Louisiane : il se tenait habituellement affaissé
sur ses pâtes avec sa queue relevée, comme nous l’avons représentée, ou tout-à-
fait couchée sur son dos : et quoique vivement excité, il ne répandait aucune
odeur 3 mais il était très - apprivoisé, habitué à la cage qui le renfermait, sans
doute fréquemment tourmenté par ceux qui le visitaient, ce qui l’aura peut-être
empêché d’éprouver le sentiment particulier qui, dans l’état de nature, le porte
à répandre la matière puante qu’il produit, à moins que son état d’esclavage n’ait
été un obstacle au développement de cette matière : car il n’est guère permis de
révoquer en doute ce que les voyageurs rapportent de l’odeur infecte que lance
en quelque sorte cet animal dés qu’il est poursuivi. Le Père Feuillé (Journal
d’Observations physiques et mathématiques, pag. 272, Edit. de Paris, de 17 14),
qui parle peut-être du Chinche, et à qui Buffon a emprunté ce nom, attribue
cette odeur à l’urine de l’animal, qui, suivant les rapports qu’il avait reçus, la
répand sur sa queue, pour ensuite la disperser comme avec un goupillon3 el
d’Azara, qui décrit peut-être aussi cet animal sous le nom de Yagouare (Animaux
du Paraguay, tom. I, pag. 211), rapporte les mêmes choses.
Le Chinche se creuse un terrier moins profond que celui de nos Lapins, et
tout annonce que cest un animal nocturne. Il se nourrit d’oeufs, d’Oiseaux, de
Reptiles, et^sans doute de fruits. C’est un animal dont on connaît peu le naturel,
à cause de 1 effroi que donne en général sa mauvaise odeur 3 il paraîtrait cependant
quon peut l’apprivoiser, et qu’alors il répand son urine, ou ses excréments,
sans les infecter, comme il le fait lorsqu’il a peur. Sa taille est celle du Chat domestique
3 il a environ un pied du bout du museau à l’origne de la queue 3 celle-ci a
dix pouces 3 et sa hauteur à la partie moyenne du corps est d’environ cinq ou
six pouces. *
La figure que Buffon donne du Chinche, tom. XIII, fig. 3g , quoique faite
d’aprés une simple peau, est passable; et l’on reconnaît encore cet animal dans
une autre figure de Schreber, pl. 121 bis. Cet animal est le Fieerra Mephitis des
Catalogues méthodiques; nom qu’il faudra changer, puisque celui de Mephitis est
devenu le nom générique.
M a i 1821.