Macaque à queue courte comme un Macaque ordinaire dont la queue aurait été
coupée, et le Rhésus d’Audebert comme le Maimon de Buffon (tom. XV, pl. 19),
donna le nom de Rhésus à l’espèce dont il regardait le Maimon comme le type,
et transporta celui de Maimon au Singe à queue de cochon d’Edwards; de sorte
que, suivant cette combinaison, le Maimon de Buffon-cédait son nom au Singe
d’Edwards, et devenait le synonyme du Rhésus d’Audebert, qui ne l’était plus
du Macaque à queue courte. Dans mon article M a imon o u R h é su s , j ’ai montré
que l’animal que je désignais ainsi était absolument le même que le Macaque à
queue courte de Buffon, et même que le Patas à queue courte de cet auteur5
et en décrivant le Singe à queue de cochon r j ’ai mis hors de doute que ce
Maimon ou Rhésus n’était pas le Maimon de Buffon, et qu’il ne devait porter que
le nom de Rhésus, qu’Audebert lui avait donné.
Les vicissitudes du Singe à queue de cochon n’ont guère été moins remarquables
que celles du Macaque à queue courte. Buffon l’avait regardé comme
appartenant à la même espèce que son Maimon 3 ce qui avait été adopté par
beaucoup d’auteurs. Mon frère n’admit pas plus ce rapprochement, que Linné
et Gmelin ne l’avaient fait. Le Singe d’Edwards fut le seul individu sur lequel
reposa son espèce, et ce fut au Rhésus que mon frère rapporta le Maimon.
Incertain de l’exactitude de cette synonymie, je rapprochai ces deux noms dans
ma description du Rhésus, et je montrai enfin, en décrivant le Singe à queue
de cochon, qu’elle n’était nullement fondée; sans cependant pouvoir affirmer si
le Singe à queue de cochon et le Maimon appartenaient à la même espèce.
Je puis aujourd’hui lever ces difficultés, comme je l’ai fait pour le Rhésus. Le
Singe à queue de cochon adulte dont je donne la figure, m’a prouvé son identité
avec le Maimon de Buffon, ce que je n’avais pu établir d’après l’individu de
cette espèce, beaucoup plus jeune, que j ’ai publié précédemment5 car il est à
remarquer, et Buffon l’avait déjà dit, que ce Macaque n’est pas à beaucoup prés
aussi lascif que la plupart des autres, ce qui m’avait empêché de reconnaître son
caractère distinctif, la forme du gland de sa verge. Cet organe présente en effet
la structure que nous avait fait connaître Daubenton, mais sans entrer dans
tous les détails qu’elle comportait, et qu’il est cependant utile de connaître à
cause de sa singularité. Le gland présente bien extérieurement trois lobes distincts
; deux de chaque côté,plus longs que larges, et un en dessus, arrondi, situé
à la naissance des deux autres, et plus petit qu’eux. Un sillon longitudinal, qui
se bifurque pour former inférieurement le lobe supérieur, sépare les deux grands
lobes 5 et le lobe moyen est lui-même séparé en deux par un sillon à sa partie
supérieure : mais ces sillons ne sont pas de simples dépressions; ils divisent les
parties du gland, qu’ils circonscrivent, jusqu’au corps de la verge, de sorte qu’on
peut écarter complètement les lobés l’un de l’autre ; alors on voit que les grands
lobes forment une poche assez spacieuse, au milieu de laquelle se trouve l’orifice
du canal de l’urètre. Il résulte de cette structure que ce canal n’est complètement
à découvert que dans l’accouplement, car l’érection ne m’a pas paru séparer
sensiblement les lobes, et qu’il ne peut y avoir d’éjaculation possible qu’alors.
Cette description ne laisse guère de doute sur la grande ressemblance de la
verge de mon Singe à queue de cochon avec celle du Maimon de Buffon; et
lorsque l’on compare la description qu’Edwards donne du pelage de son Pig-
tailed monkey ou Singe à queue de cochon 3 de celle du pelage de l’animal que
ET LE RHÉSUS. 3
j ’ai décrit sous le même nom, et de celle que Daubenton a donnée du pelage du
Maimon, on trouve entre ces descriptions une parfaite conformité. Il y a plus,
le Singe d’Edwards venait de Sumatra, et le mien a la même origine. Je le dois,
ainsi que plusieurs autres individus de la même espèce, à M. Alfred Duvaucel,
dont, à chaque livraison, je suis conduit à rappeler les travaux et les services.
Le Rhésus d’Audebert a donc pour synonyme :
i° Le Macaque à queue courte de Buffon ;
20 Le Patas à queue courte du même auteur;
3° Mon Maimon ou Rhésus, auxquels se rapporte le nom d''Eiythroea3 donné
par Schreber au Macaque à queue courte de Buffon.
Les synonymes du Maimon de Buffon seront,
i° Le Singe à queue de Cochon d’Edwards ;
20 Le Maimon d’Audebert ;
3° Mon Singe à queue de cochon, auxquels s’applique le nom de Nemestrina3
donné par Linnæus au Singe d’Edwards.
J’ai peu de choses à dire sur les deux mâles adultes; qui font l’objet de cet
article. La description que j’ai donnée des couleurs du Rhésus femelle (sous le
nom de Maimon) convient en tout au mâle. Celui-ci a les formes plus prononcées,
une physionomie plus dure, et qui annonce plus de méchanceté. Les testicules
sont de couleur tannée et le gland est simple; les cuisses ne sont pas injectées
par le sang; et la queue, au lieu d’être pendante, se replie en dessous comme
les queues prenantes, quoiqu’elle n’ait pas ce caractère, et dans un sens tout-
à-fait opposé à la direction que prend celle des Guenons.
Je n’ai également rien à ajouter à ce que j ’ai dit du Maimon (Singe à queue
de cochon) qui ne puisse se voir en comparant les deux figures que j ’ai données
de cette espèce. Les adultes deviennent trapus, leur tête prend de plus fortes
proportions, et leur museau devient plus épais et se raccourcit. La partie inférieure
de leur corps se colore davantage; leurs paupières deviennent blanches,
et ils portent leur queue plus relevée et plus recourbée en dessous. L’individu
que j ’ai fait représenter, quoique vieux, avait conservé assez de douceur, et il
était d’un calme et d’une gravité remarquables. M. Duvaucel m’apprend que ces
animaux portent à Sumatra le nom de Barrou.
Janvier 1822.