La Ménagerie du Muséum d’histoire naturelle a possédé deux Chameaux mâles
qui avaient appartenu au Duc d’Orléans, et qui étaient employés à un service'de
transport de Livry à Paris. C’est un de ces deux Chameaux que nous avons fait
représenter. Ils avaient environ quarante ans, et leur taille était de six pieds
et demi environ, en comprenant les bosses. Leur nourriture consistait en trois
bottes de Luzerne chaque jour (3o livres environ), mais ils ne travaillaient point :
ayant perdu l’habitude de l’obéissance par un repos de plusieurs années, il fut
impossible de les dompter lorsqu’on voulut de nouveau les soumettre au freinj
et ils passèrent ainsi leur vie sans autre exercice que celui d’une promenade
qu’on leur faisait faire chaque jour dans les allées du jardin.
Vers le milieu de l’automne, à la fin d’octobre, leur rut se manifestait, d’abord
par de fortes sueurs, et par l’écoulement d’une matière épaisse et noirâtre des
glandes du derrière de la tête, qui auparavant ne produisaient qu’une eau rous-
sâtre; puis venait la cessation de l’appétit, et à cette époque ils urinaient sur
leur queue, et s’aspergeaient le dos de leur urine. Enfin un amaigrissement
considérable suivait leur abstinence. Durant tout ce temps ils étaient très-dangereux
par leur méchanceté, cherchant à mordre et à frapper des pieds de derrière.
Ils se plaisaient à manger la litière chargée de leur urine j et pour les soutenir on
leur donnait à boire une eau mêlée de farine et d’un peu de sel. Cet état durait
environ trois mois, après lequel venait la mue, qui les dépouillait entièrement, et
mettait à nu leur peau noire et luisante. Il fallait environ trois mois aux poils
pour recroître et reprendre toute leur longueur.
Ces poils paraissent être de nature laineuse, comme ceux des Dromadaires,
et ceux des bosses, du haut des jambes et des cuisses, du dessus et du dessous
du cou, et du sommet de la tête, étaient beaucoup plus longs et plus fournis que
Celui des autres parties du corps: et Ipht* rnnlpnr était d’un brun fnnrèj semblable
à celui du Dromadaire brun.
Nous ne dirons rien des organes des sens, du mouvement et de la génération,
parce que les Chameaux et les Dromadaires se ressemblent entièrement sous ces
divers rapports, et que nous avons décrit ces organes en parlant de la variété
blanche du Dromadaire.
Il y a peu de figures passables de l’animal qui fait l’objet de cet article, quoique
toutes soient reconnaissables au caractère très-particulier qui les distingue, les deux
bosses j celle de Buffon est une des meilleures (Tom. XI, fig. 22)* Les autres
valent peu la peine d’être citées.
Le Chameau est le Camelus bactrianus des Catalogues méthodiques.
Juin 18 2 1.
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