meule naissent sur chaque bois, et très-près l’un de l’autre, deux andouillers qui se
dirigent en avant; le premier descend sur le chanfrein et le second se relève- à la
moitié du merrain naît un troisième andouiller qui se porte un peu en dehors.
Outre cette espèce, M. Duvaucel nous a encore envoyé les figures et les dépouilles
de quatre autres, également nouvelles, que mon frère a nommées Cewus iiippela-
phus, Cervus Aristotelis, Cervus Duvaucelii et Cervus equihus, dont on trouvera les
descriptions dans le T. iv de ses Recherches sur les ossemens fossiles.
Nous avons donné, dans une de nos précédentes livraisons, la figure d’une nouvelle
espèce de Cerf, sous le nom de Cerf du Bengale. Cet animal avait été donné
à la ménagerie par M. de Montbron, sans indication d’origine ; et j’avais cru y reconnaître,
avec mon frère, l’espèce que M. Duvaucel nous avait envoyée comme
étant l’Hippelaphe d’Aristote.
Depuis, j’ai appris que ce Cerf avait été amené en France d’Amérique, où il était,
dit-on, arrivé d’Afrique sur un vaisseau faisant la traite des Nègres. C’était l’espérance
d’obtenir des renseignemens plus précis qui m’avait fait différer d’en donner la description.
Aujourd’hui, que cette espérance s’est beaucoup affaiblie, et que mon
ouvrage doit éprouver une interruption momentanée, je vais donner les caractères
de ce Cerf, sauf à en parler de nouveau s’il devenait utile de le faire.
Cette espèce est de la taille de l’Axis, et le trait le plus saillant de sa physionomie
est l’élévation de ses fronteaux, qui se relèvent tout à coup au-dessus du nez. Un second
trait caractéristique de cet animal, est la grandeur de ses larmiers et la facilité
qu’il a de les ouvrir en renversant la lèvre inférieure de cet organe, plus développé
chez lui que chez aucun des ruminans connus. Son pelage diffère un peu, suivant
les saisons : en été, et c’est à cette époque de l’année que nous l’avons fait
peindre, il est d’un brun tiqueté de noir sur toutes les parties supérieures du corps;
ses parties inférieures, la partie inférieure de ses membres et leur face interne ,
la mâchoire inférieure, excepté son extrémité qui est blanche, les joues, les tempes,
sont d’un fauve chamois ; une tache noire est au-dessous de l’angle des lèvres. Des
poils blancs garnissent l’intérieur des oreilles, et la queue est noire; la croupe ni
les fesses n’ont de teintes particulières. La nature des poils est la même que celle
des poils du Cerf commun ; ils sont épais et secs, et leur longueur est à peu près
uniforme sur toutes les parties du corps, excepté sur la tête et les membres, où ils
sont plus courts. C’est en été que les bois se développent.
En hiver, les poils deviennent plus épais et plus longs, et en certaines parties
plus foncés. Ainsi, à cette époque de l’année, on voit sous la gorge une ligne blanche
transverse; tout le reste du dessous du eou, jusqu’à la poitrine, est garni de poils
noirs très-longs et très-épais, et en dessus, ceux de la ligne moyenne, depuis la tête
jusqu’à la queue, sont d’un brun foncé, uniformes et assez longs pour qu’ils se
séparent à droite et à gauche, et retombent de chaque côté du corps ; une ligne de
poils plus foncés que les autres séparent les parties brunes du dessus du corps, des
parties plus pâles du dessous.
Les premiers bois de cet animal sont des dagues. et ce sont ceux dont il était
pourvu à son arrivée dans notre ménagerie ; mais, comme il avait été enfermé dans
une cage assez étroite pendant leur développement, et qu’il en avait frappé les
parois, ces organes n’avaient pas pris leur forme régulière, et s’étaient contournés
d’une manière monstrueuse. Ses bois actuels, qui forment vraisemblablement sa
seconde tête; sont très-réguliers; à leur base naît un maître andouiller, dirigé en
avant et en haut; ensmte le merrain se renverse en arrière et se jette en dehors
jusqua dix ponces environ, où bientôt après paraît un second andouiller au côté
externe du merrain, et se dirigeant un peu en avant; enfin, le merrain continue à
pousser verticalement et dépasse le second andouiller d’environ quinze ponces,
loutes les surfaces de ce bois sont assez unies et lisses.
Tel est aujourd’hui le bois de ce Cerf. Nous l’avons'fait représenter an moment
ou il poussait encore et où il ne se terminait que par une fourche. Ce prolongement
de merrain, que mon frèrun’a pas pu connaître, est entre autres une des raisons
qui me font croire qu’il n’appartient point, comme il l’a pensé, à son Hippélaphe
dont le merrain ne dépasse que de quatre pouces l’andouiller, qui en a trois; c’est-à-
dire dont le bois à son extrémité, n’est que fourchu. Je ne puis non plus penser
avec lui que la Biche que j’ai publiée sous le nom de Biche de Malaca soit la
iemelle de ce Cerf; car aucun fait jusqu’à présent n’autorise à réunir comme mâle
et femelle deux individus aussi différens de couleur que le sont la Biche de Malaca
et le Cerf du Bengale; jusqu’à présent les Biches et les Cerfs d’une même espèce ont
constamment présenté les mêmes couleurs, et cette Biche conservait sa couleur
ioncee en été comme en hiver.
Nous devons à M. le docteur Leach un dessin des bois, d’après lesquels Pennant
a établi, du moins en partie, sa grande espèce d’Axis; ils ressemblent, sous plusieurs
rapports, a ceux de notre Cerf; ils en ont les andouillers; et le merrain chez eux
dépassé aussi considérablement le second andouiller; mais ils sont très-rugeux- c’est-
a-dire chargés de perlures et de goutières.
Pour établir les rapports dp ce Cerf avec les autres Cerfs pourvus de bois ana-
ogues aux siens, il faudrait des notions que je ne possède point encore; et, dans
la crainte de confondre des espèces différentes, ou de séparer en espèces des individus
semblables, ,e m’abstiendrai, quant à présent, de désigner cet animal par
un autre nom que par celui que je lui ai donné, par erreur peut-être, et d’in-
îquer le rang quil doit occuper dans les catalogues méthodiques.