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MULETS DU CHACAL DE L INDE
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DU CHACAL DU SÉNÉGAL.
O n sait que c’est de la réunion des individus dont l’accouplement est prolifique
que se composent les espèces, et que c’est la connaissance exacte des espèces qui
sert de base à l’histoire naturelle des êtres vivants. On a cru exprimer une
pensee profonde lorsqu’on a dit que la nature ne formait que des individus •
mais les rapports de ces individus entre eux ont aussi leur origine dans la nature;
ils l’y ont même avec des racines très-profondes : car si l’on conçoit que
les phénomènes sensibles n’ont d’existence que relativement à nous, il est difficile
davoir la même idée des rapports, considérés d’une manière abstraite. En effet
les espèces paraissent bien plus importer à la nature que les individus; la cause
principale de l’existence des uns est évidemment la conservation des autres. Il
est même des animaux dont la vie éphémère consiste à naître, à se reproduire
et à mourir; c’est-à-dire que leur reproduction, la conservation de leur espèce
est tout, exclusivement tout, ce que leur demande la nature.
Il est donc peu de phénomènes qui méritent plus de faire le sujet des observations
du naturaliste, que celui de la reproduction des individus, indépendamment
du mystère de la fécondation. Buffon l’avait bien senti, et s’il n’a pas toujours
été conséquent dans l’application de la règle générale qu’il avait Iui-même établie
c est que les faits lui manquaient pour apprécier les exceptions que la naissance
des Mulets apportait à cette règle. Depuis cet écrivain célèbre, les observations
se sont multipliées, et l’on a déjà levé quelques difficultés; mais nous croyons
que les Mulets que nous publions aujourd’hui sont les premiers qui aient été
obtenus de l’accouplement d’individus d’espèces entièrement sauvages ; jusqu’à
présent les Mulets n’avaient été produits que par l’union de deux espèces domestiques,
tels que l’Ane et le Cheval, la Brebis et le Bouc, ou par celle d’une
espèce domestique et d’une espèce sauvage, comme le Chien et le Loup, l’Ane
et.le Aèbre, etc.; d’où l’on avait conclu que la déviation de l’instinct, manifestée
par ces unions, avait pour cause la longue influence de l’homme sur les animaux