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LE WOUWOU.
^ Xjes Gibbons en général ont été peu remarqués par les voyageurs, et l’on
et connaît mal les limites des pays-où ils vivent ». C’est là ce que dit mon frère
(Régne animal, tom. I, pag. io3 , not. 1), à propos de ces animaux singuliers,
parmi lesquels l’espèce du Wouwou est une des plus remarquables. C’est encore
à M. Alfred Duvaucel que l’on doit la connaissance de ce Gibbon, naturel à l’île
de Sumatra, où il vit dans les forêts les plus solitaires avec deux ou trois autres
espèces du même genre que nous ferons également représenter, M. A. Duvaucel
nous en ayant envoyé de fort bons dessins, et ses collections en contenant plusieurs
individus de tout sexe et de tout âge. Nous avons déjà rappelé plusieurs
fois les travaux de ce jeune voyageur ; nous serons conduits à les rappeler souvent
de même, tant ses recherches ont été fructueuses, tant il a mis de soins à
faire peindre les objets que la mort pouvait altérer, et à nous donner les observations
qu’il a été à portée de faire au milieu des contrées sauvages dont il recherchait
les productions, et des peuplades barbares qui l’environnaient. On pourra
voir, par le texte littéral de ses notes que nous allons transcrire, combien il a
su donner d’intérêt à ses remarques, et l’on s’étonnera peut-être que dans un pays
où aucune de nos habitudes européennes ne peut être satisfaite, qu’au sein des
plus profondes solitudes, environné de privations et de dangers, parmi des hommes
cruels et d un langage inconnu, on ait conservé assez de force d’esprit pour
retracer avec autant de vérité et d’une manière si vive, des formes, des couleurs,
des moeuis, dés habitudes qui nécessitaient une attention soutenue, et une persévérance
qu’on n’obtient pas toujours dans le calme et la liberté du cabinet.
« Le Wouwou, moins connu que le Siamang (autre espèce de Gibbon dont
nous donnerons la figure et la description dans une prochaine livraison), parce
quil est plus rare, et que son agilité le rend plus difficile à prendre, porte ici
(à Sumatra) plusieurs noms, dont le meilleur est celui que nous lui donnons,
parce qu’il est la plus juste expression de son cri.
« Cet animal a la face nue, d’iin bleu-noirâtre, légèrement teinte en brun dans
la femelle. Ses yeux sont rapprochés, et d’autant plus enfoncés, que son arcade
orbitaire est fort saillante et qu’il n’a point de front. Son nez, moins aplati que
celui du Siamang, a de larges narines ouvertes latéralement. Son menton est
garni de quelques poils noirs qui ne changent pas; et ses oreilles sont en partie
cachées par de longs et épais favoris blanchâtres, qui s’unissent*à un bandeau
blanc, large de six lignes; situé immédiatement au-dessus des sourcils.