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 de  l’accouplement,  la  durée  de  la  gestation,  et  l’état  où  sont  les  petits  
 lorsqu’ils  naissent,  au  nombre,  dit-on,  de  cinq  à  six.  Vers  la  fin  de  1 automne,  
 les  Loirs  sont  extrêmement  gras,,  comme  tous  les  animaux  hibernans,  et  cest  
 alors  surtout  qu’ils  sont  bons  à  manger.  Quand  ils  sortent  de  la  torpeur  où  le  
 froid  les  plonge,  leur  graisse  a  disparu  en  grande  partie,  surtout  si  l’hiver  a  
 été  constant  et  rigoureux,  sans  doute  parce  qu’elle  a  servi  à  la  nutrition  qui  
 s’exerce  encore,  quoique  faiblement,  pendant  ce  profond sommeil,  qui ne  suspend  
 jamais  tout-à-fait  les  fonctions  vitales.  Lorsque  les  froids  n’ont  pas  été  de  longue  
 durée,  et  que  par  la  douceur  de  la  température  les  Loirs  ont  pu  se  réveiller  et  
 prendre de la nourriture,  leur embonpoint se  conserve;  et  c’est  par-là que Buffon  
 explique  ce  que  dit  Aristote  (liv.  VIII,  pag.  17),  que  les  Loirs  prennent  de  la  
 graisse  pendant  leur  sommeil  d’hiver. 
 Parmi  les  animaux  qui  sont  communs  chez  nous,  c’est  l’Écureuil  qui  donne  la  
 plus juste idée de la physionomie générale du Loir; celui-ci cependant n’est pas aussi  
 élevé sur jambes, et surtout sur celles de derrière, et par conséquent ses proportions,  
 comme  ses mouvements,  ont moins de  légèreté;  mais  ces  ttëimaux  oât  à  peu  près  
 la même forme  de  tête  et  de grands yeux,  un  pelage  doux et fourni,  et  une  queue  
 très-touffue,  qu’ils  portent également relevée  en  panache.  Ce  sont  ces  apparences  
 extérieures  qui  avaient  déterminé  les  premiers  naturalistes  à  réunir  dans  le même  
 groupe  générique  les  Loirs  et  les  Écureuils ;  mais  lorsqu’on  examine  les  détails  
 de  leur  organisation,  on  voit  bientôt  qu’ils  appartiennent  à  deux  types  d’organisations  
 différents.  Nous  devons  l’individu  que  nous  avons  fait  représenter,  et  
 qui  nous  donnera  ces  détails,  à  M.  Compan,  docteur  en  médecine  à  Perpignan,  
 de  qui nous  tenons  beaucoup de renseignements précieux sur  les animaux du midi  
 de  la  France.  Nous  saisissons  avec  empressement jiette  occasion  pour  lui  témoigner  
 notre  reconnâtisance. 
 Le  Loir  a  en  tout  vingt  dents,  deux  incisives,  et  quatre  molaires  de  chaque  
 côté aux deux mâchoires;  les incisives sont, comme chez tous  les rongeurs, longues,  
 arquées,  rapprochées  l’une de l’autre  à leur face  latérale  interne,  taillées  en biseau  
 à  leur face postérieure,  et  aplaties  à  l’antérieure;  les  supérieures  ne  diffèrent  des  
 inférieures  que  par  un  peu  moins  de  longueur,  et  parce  qu’elles  sont  terminées  
 par  une  ligne  droite,  les  premières  ayant  leur  extrémité  pointue.  Les  molaires  
 sont  en  carré,  arrondies  sur  leurs  angles;  la  première  ou  l’antérieure,  est  la  
 plus petite,  et  les  trois  autres  sont  égales  entre  elles;  leur  couronne  est  plate  et  
 comme  divisée  en  quatre  zones  par  trois  sillons  qui  la  coupent  transversalement;  
 ces  sillons  sont  séparés  à  leur  centre  en  deux  branches,  qui  se  rejoignent  à  
 leurs  extrémités,  ce  qui  fait qu’au  centre  de  la  couronne  se  trouvent  trois  autres  
 petites  zones  transversales  qui,  étant  limitées  par  les  deux  branches  de  chaque  
 sillon,  se  terminent de chaque  côté  à  la  réunion  de  ces  deux  branches,  et  ne  se  
 continuent  pas  jusqu’aux  bords  latéraux  de  la  couronne.  Les  molaires  des  deux  
 mâchoires  sont  semblables  entre  elles,  et  dans  leur  situation  réciproque  chaque  
 dent de l’une  répond  à  une  semblable  de  l’autre  mâchoire ;  ainsi  la première  d’en  
 bas  s’oppose  à  la  première  d’en  haut,  et  il  en  est  de  même  pour  les  trois  autres.  
 Dans  cette  situation  les  incisives  inférieures  sont  fort  en  arrière  des  supérieures,  
 et  ne  peuvent  agir  contre  elles ;  mais  lorsqu’au  contraire  elles  se  trouvent  en  
 contact  (la  mâchoire  inférieure  n’ayant  qu’un  mouvement  horizontal  d’arrière  en 
 avant  et  davant  en  arrière),  la  première  molaire  inférieure  n’en  a  aucune  qui  
 lui  soit  opposée;  la  seconde  répond  par  son  bord  postérieur  à  la  première  supérieure; 
   la troisième  à  la deuxième;  la quatrième à  la troisième, et enfin  la quatrième  
 sc  trouve  isolee  et  Seins  dent  correspondante. 
 Loeil  est assez grand,  ovale,  et  muni  à  l’angle  interne  d’une  troisième paupière,  
 très-peu  développée,  et  dont  l’animal  ne  paraît  faire  aucun  usage;  sa  pupille  est  
 contractée  comme  un  petit  point  noir  et  rond.  Ses  narines  s’ouvrent  au-dehors  
 par  deux  fentes  en  demi  cercle,  dont  la  convexité  serait  tournée  en  dehors,  et  
 en  bas;  entre  elles,  se  trouve  un  petit  mufle  plat  presque  carré  divisé  en  deux  
 par  un  sillon  longitudinal  assez  profond,  et  qui  est  la  continuation  de  la  fissure  
 de  la  lèvre  supérieure ;  il  est  séparé  en  haut  de  la  partie  nue  du  museau par  un  
 repli  formé  par  la  proéminence  de  cette même  partie;  ce mufle  paraît être  formé  
 de  glandes  fort petites. Les  oreilles  sont  ovales, un peu plus  larges à leur extrémité  
 qu’à  leur base;  le  tragus  est petit et  triangulaire;  l’ante-tragus  est à peine sensible,  
 et  de  sa  base  part  une  lame  saillante  qui  se  termine  au  centre  de  la  conque;  le  
 trou  auditif  est  grand,  et  garni  d’un  bourrelet  sur  tout  son  pourtour;  l’hélix,  
 entrant dans la conque,  forme au-dessus du tragus une  lame  courte  et saillante qui,  
 descendant  obliquement,  se  termine  près  de  ce  bourrelet;  cette  lame  de  l’hélix  
 forme,  à  sa  partie  supérieure,.  une  sorte  de  petit  cu l-d e -sa c ,  et  au-dessus  
 de  la  lame  de  1 ante-tragus,  se  trouvent  deux  plis  qui  occupent,  le  premier  la  
 moitié  postérieure  de  la  conque,  et  le  second,  placé  plus  haut,  presque  toute  
 la  largeur  de  cette  conque.  La langue  est  douce  et  charnue,  et  la  lèvre  supérieure  
 est  fendue.  Les  Loirs  ont  des  clavicules  qui  s’articulent  avec  l’apophyse  eoracoïde  
 de  l’omoplate ;  et  leurs  organes  du  mouvement  sont  assez  courts.  Ils  ont  cinq  
 doigts  à  chaque  pied;  à  ceux  de  devant,  le  pouce  est  très-petit,  gros,  court,  et  
 garni  en  dessus  d’un rudiment  d’ongle plat;  les  autres  doigts  sont  très-âhnprimés,  
 et  armés  de petits  ongles  également  comprimés,  aigus  et  arqués.  La paume  a  cinq  
 tubercules,  trois  triangulaires  à  la  base  des  quatre  premiers  doigts,  un  très-gros  
 à  la  base  du  pouce,  et  un  autre  allongé  près  du  bord  externe  du  métacarpe.  
 Aux  pieds  de  derrière,  le  pouce  est  allongé,  écarté  des  autres  doigts  d’une manière  
 sensible,  três-élargi  à  son  extrémité,  et  muni  d’un  ongle  court  trés-grêle  
 et  recourbé;  la  dernière  phalange  est  habituellement  recourbé  en  dessous,  et  
 conserve  cette  position  dans  la marche;  les  autres  doigts  sont  comprimés,  nuds  
 en dessous,  et armés  de  petits  ongles pointus,  comprimés  et  recourbés.  La  plante  
 a six  tubercules,  trois  à  la base  des  quatre premiers  doigts,  un  à la base  du pouce,  
 un  en  arriére  de  celui-ci,  et  un  autre  au  bord  externe;  la  peau  de  la  paume  
 et  de  la  plante  est  douce,  et  paraît  être  un  organe  du  toucher  assez  sensible;  
 les  moustaches  sont  très-longues  et  dures ;  il  s’en  trouve  un  bouquet  sur  les  
 sourcils  et  un  autre  en  arrière  de  la  mâchoire  inférieure;  la  queue  est  velue,  
 lâche,  et  presque  aussi  longue  que  le  corps.  Les  poils  sont  de  deux  sortes,  des  
 soyeux  et  des  laineux.  Les  premiers  sont  les  moins  nombreux,  et ne  se  trouvent  
 que  sur  le  dessus  du  corps;  les  seconds,  plus  courts  que  les  autres,  sont  épais,  
 et  abondamment  répandus  sur  tout  le  corps.  Les  seules  parties  nues,  ou presque  
 nues,  sont  les  doigts,  la paume  et  la  plante,  le  tour du museau  et  l’oreille,  l’anus  
 et  les  parties  de  la génération. La vulve  et  l’anus  sont placés dans un  espace  dénué  
 de poils  et de  forme circulaire,  et se  trouvent à la distance l’un  de  l’autre  d’environ  
 quatre  lignes.  La  première  a  un  orifice  arrondi,  placé  au  bout  d’un  tube  charnu