plus grande. Sa tête, disent nos jeunes naturalistes, ressemblait, au premier coup
d’oeil, à celle d’un jeune Eléphant dont la trompe aurait été tronquée un peu au-
dessous de la bouche. Deux nageoires, sans aucune division, tiennent la place
des membres antérieurs; et la partie postérieure du corps est terminée par une
nageoire horizontale, semblable à celle des Dauphins. Tout le corps est revêtu
d’un cuir épais d’un bleu-clair uniforme, excepté aux parties inférieures, où il
est blanchâtre, et aux côtés du corps, où l’on observe quelques taches irrégulières
et plus foncées. Telles sont les formes et la physionomie générale de ce
singulier Cétacé, bien plus curieux encore à connaître par ses détails, que nous
puiserons aussi dans les Mémoires sur le Dugong que viennent de publier sir Thomas
Rallies et sir Ewrard Home (Trans. phil., mai 1820).
Le museau vertical, qui recouvre la portion obliquement descendante de la
mâchoire supérieure, est presque entièrement mobile sur elle, et recouvre latéralement
une partie de la mâchoire inférieure ; il est terminé par une portion horizontale
, un peu élargie et bombée, parsemée de poils, ou plutôt de petites épines
cornées, très-courtes partout ailleurs que sur les lèvres, où elles n’ont cependant
pas plus d’un pouce de long. Cette portion a la forme d’un large croissant,
parce qu’elle est éch'ancrée au milieu pour recevoir l’extrémité de la mâchoire supérieure,
au-dessus de laquelle on aperçoit, de chaque côté, la pointe des défenses.
Les planchers des parties verticales des deux mâchoires sont entièrement garnis
de verrues cornées, qui lui servent à.saisir ay.ecXorcfi-Êt-iarracher les algues, dont
il fait sa nourriture. La langue est courte, étroite, en grande partie adhérente,
garnie à sa pointe de papilles cornées, et à sa base de deux glandes à calice; et
l’intérieur des joues est entièrement couvert de poils. Les narines sont ouvertes,
au sommet de la mâchoire supérieure, par deux fentes paraboliques, rapprochées
à l’extrémité supérieure du museau; et, leur bord semi-lunaire faisant l’office de
valvule, elles peuvent se fermer parfaitement à la volonté de l’animal. Les yeux
sont très-petits, très - convexes, et pourvus d’une troisième paupière.; et les
oreilles, placées en arriére des yeux, ne se montrent que par une petitg. ouverture
à peine perceptible. Les membres antérieurs,_ enveloppés..par la peau, ont
leurs bords calleux. La verge^est longue, grosse et renfermée dans un fourreau
légèrement saillant; elle est ..terminée par un gland, qu’on ne peut comparer
qu.au pied dun Ruminant; et le canal de l’urètre est percé à l’extrémité d’un
tubercule conique et saillant, situé au milieu des deux parties qui figurent chaque
sabot. Les testicules ne se montrent point au dehors; et l’on voit une mamelle
de chaque? côté de la poitrine. Les nageoires antérieures renferment, sous
la peau qui les enveloppe, la plupart des os qui composent les pieds de devant
des digitigrades, mais dans un assez grand état de raccourcissement, si ce n’est
l’omoplate, qui est large et épaisse; le pouce et le petit doigt n’ont qu’une seule
phalange. Les membres postérieurs ne sont représentés que par des os étroits
et plats, longs de sept pouces, situés vis-à-vis de la quatrième vertèbre lombaire,
et qui sont les rudiments du bassin. On trouve cinquante-deux vertèbres : sept
cervicales, dix-huit dorsales, et vingt-sept aux lombes et à la queue; et les
côtes sont au nombre de dix-huit. Le sternum est d’une seule pièce, cartilagineuse
dans les jeunes individus, mais osseuse dans les individus adultes. La tête
est particulièrement remarquable par le développement des incisifs, qui descendent
verticalement devant la mâchoire inférieure, et qui se prolongent en
«
arrière jusqu’à se rapprocher des pariétaux, en repoussant les os du nez au niveau
de la lame cribleuse : ils embrassent par leur partie postérieure l’organe olfactif
externe, et paraissent prêter de fortes attaches aux muscles des lèvres, qui sont
comme on le verra plus bas, un puissant organe de préhension. La boîte cérébrale
est d’une capacité médiocre. La partie descendante de la mâchoire supérieure,
cest-à-dire de l’os incisif, donne naissance à quatre dents : deux très-
fortes, cylindriques et droites, qui forment de véritables défenses, et deux petites,
situées en arrière de celles-ci, mais qui ne se trouvent que chez les jeunes individus,
et disparaissent avec l’âge. La face antérieure de la mâchoire inférieure,
qui correspond à la partie descendante de la mâchoire opposée, présente, de
chaque côté, du haut en bas, et non point transversalement, quatre alvéoles qui
contiennent des dents à l’état de germe, et qui paraissent ne jamais acquérir de
plus grand développement. Quant aux molaires, il y en a cinq de chaque côté
de lune et 1 autre mâchoire dans les jeunes individus, et ce nombre se réduit à
trois dans les individus adultes. La première de celles-ci est cylindrique, mais,
. sa couronne étant usée obliquement, se présente en forme de pointe; la seconde,
également cylindrique, a sa couronne entièrement plate; et la troisième, dont la
couronne est aussi usée horizontalement, comme la précédente, se compose de
deux cylindres réunis dans le sens longitudinal des mâchoires. Toutes-ces dents,
excepté les défenses, sont garnies de gensives très-épaisses,,.et sont très-peu saillantes.
Il paraît que les défenses tombent et sont remplacées dans la. jeunesse. .
Les organes qui servent £ lâ'dgfutition et à la digestion ont aussi des caractères
particuliers.1 Les os hyoïdes ont la forme de ceux des Cétacés. L’épiglotte
est longue, et s’attache à la partie postérieure des narines ; mais elle ne forme
pas un tube avec la glotte : celle-ci est très-semblable à celle de l’homme. L’es-
tpmac est volumineux. La portion du cardia est petite pour un animal qui se
nourrit de végétaux; elle s’étend vers le côté gauche au delà de l’ouverture de
1 oesophage, plus lgin qu’on ne le voit ordinairement : sa forme est plus globuleuse
que chez 1 homme. Sur sa-courbure supérieure et petite, à la gauche de l’ouverture
de .L'oesophage, presqu’à l’extrémité, sont situées les glandes gastriques, formant
une masse- arrondie. Les °rifkes de cea-giandes sùnt petits et recouverts
d’une poche membraneuse, qui n’a qu’une grande ouverture; sa masse glandulaire
est divisée en deux parties. La surface interne de-cette portion de l’estomac est
unie; les membranes sont épaisses près du cardia, et plus minces vers la partie
du pylore. La communication entre ces deux parties se fait par une ouverture
de trois quarts de pouce de diamètre, semblable à ce qu’on rencontre entre les
différentes cavités de 1 estomaG dans les Cétacés. Immédiatement au delà de cet
orifice sont deux ouvertures dans la partie pylorique : l’une, du côté postérieur,
s’ouvrant dans un cul-de-sac de six pouces de longueur; et l’autre, du côté antérieur,
s’ouvrant dans un cul-de-sac semblable, mais de moitié plus court. La
portion pylorique est plus courte que la cardiaque, a les membranes plus minces,
une surface interne unie, et elle se courbe un peu avant de se terminer dans’
le pylore, qui est marqué par une valvule. Le canal intestinal est fort lomg, comme
chez tous les Herbivores il a quatorze fois la longueur de l’animal. Le coeur offre
cette particularité remarquable, que les deux ventricules sont séparés à leur extrémité,
et réunis seulement à leur base, sans qu’il y ait toutefois.aucun changement
dans le mode de la circulation. Les poumons sont allongés, et non formés