dites ; les cinq premières présentent, à la surface de leur couronne, la forme d’une
ellipse fort allongée, échancrée très-légèrement à chacune de ses extrémités, et
partagée en deux parties, par une crête saillante, dans le sens de la longueur de
l’ellipse; deux autres crêtes garnissent également ses côtés. L’une et l’autre sont
formées par l’émail qui, après avoir entouré la dent, se reploie à la face interne,
et s’avance jusqu’à la face externe pour former la crête moyenne : cette crête est
conséquemment composée de deux lames d’émail ; mais elles ne s aperçoivent
distinctement qu’au point où l’émail se reploie, et dans la partie de la dent cachée
dans l’alvéole; dès qu’elles se touchent, elles se soudent, et ne se distinguent
plus; et ces parties émailleuses forment des crêtes, parce qu’elles s’usent moins
que les parties moyennes. La dernière des molaires supérieures a aussi la surface
de sa couronne de forme elliptique; mais elle n’est point divisée comme les
cinq autres. La mâchoire inférieure n’a que cinq molaires, qui ont la même
structure que celles de la mâchoire opposée, mais qui en diffèrent par la forme,
surtout à cause du repli de l’émail : lorsqu’il pénètre dans la dent pour former
la crête moyenne, ce pli, étant beaucoup plus sensible, et ne partageant pas
également la dent, la fait paraître comme composée de deux parties, elliptiques
chacune, et la postérieure plus petite que l’antérieure; et celle-ci s’usant moins
que l’autre, il en résulte que la surface de ces dents n’est pas unie comme celle
des dents opposées, mais au contraire fort inégale. Ces dents vont ordinairement
en diminuant à peu près uniformément de la première à la dernière.
Les jambes de devant, beaucoup-plus courtes que celles de-derrière, ont cinq
doigts garnis d’ongles épais et forts, et qui, pour la longueur, suivent l’ordre
progressif suivant : le pouce y que je considérerai comme le premier ; le petit
doigt, le pénultièmele second, et celui du milieu. Ces doigts ne sont susceptibles
que de peu de mouvements, et la paume est entièrement garnie de poils.
Les pieds de derrière n’ont que quatre doigts, qui ont la forme et les ongles
de ceux de devant : c’est le pouce qui manque : aussi la longueur relative de
ces doigts est-elle la même que celle des analogues de l’autre pied, et la plante,
comme la paume, est couverte de poils : la queue, très-courte, est ordinairement
à demi relevée. Les yeux n’ont aucun organe accessoire, et la pupille est allongée
horizontalement. Les narines sont circulaires et cachées dans un pli, au moyen
duquel elles peuvent être fermées, et elles sont réunies par ce pli au-dessus de
la lèvre supérieure. Celle-ci est fendue, et la langue est épaisse et douce. Les
oreilles, très-rapprochles par leur base, sont allongées en forme de cornets,
terminées en pointe, et susceptibles de se fermer longitudinalement. Le derrière
de la bouche et des narines, le dessus et le dessous des yeux sont garnis de
moustaches. Les organes génitaux des deux sexes diffèrent peu par les apparences
extérieures. La verge du mâle se dirige en arrière, et est à peu de distance de
l’anus; le gland est plus petit que le corps de la verge, et de forme conique.
Les testicules ne sont point réunis dans une bourse; ils sont séparés et situés
chacun dans un sac particulier et dans l’aine , entre la verge et la cuisse. L’espace
situé entre les bourses et la verge est nu, et dans son milieu se trouve un
enfoncement, auquel aboutit une glande qui y verse une matière épaisse, jaunâtre
et puante. Toutes les parties aecessoires aux organes de la génération du
mâle se trouvent chez la femelle; et, comme elle a le clitoris très-développé et
de la forme du gland, il est quelquefois difficile de distinguer les jeunes Lièvres,
dont les testicules ne sont pas encore apparents , des hases un peu âgées.
Cependant, chez les premiers, on voit, entre le prépuce et l’anus, un repli
de la peau très-sensible, qui ne s’observe pas chez les secondes. Ces animaux
ont dix mamelles.
La couleur du pelage est généralement, aux parties supérieures du corps, d’un
gris lavé de jaunâtre, qui prend une teinte d’autant plus foncée, que les animaux
sont plus vieux; et d’un blanc plus ou moins pur aux parties inférieures, excepté
e dessous du cou et la .partie antérieure de la poitrine, qui sont fauves : cette couleur
domine entre les oreilles, sur le cou, aux épaules, aux côtés du corps, près
du ventre, et sur les quatre membres. On voit sur les côtés de la tête une tache
blanchâtre, qui part de l’extrémité du museau, entoure l’oeil, et aboutit à l’oreille.
Celle-ci est d’un fauve-gris à sa face externe antérieurement, et postérieurement
blanchâtre, terminé par une tache noire; la face interne est nue, excepté à son
bord externe, qui est garni de poils gris-noirâtres. La queue est noire en dessus
et blanche en dessous.
Tout le pelage, aux parties fauves, est composé principalement de poils laineux
trés-epais et très-doux, d’abord blancs à leur moitié inférieure, puis fauves et
enfin noms ; et de poils soyeux, en beaucoup moindre quantité que les autres
blancs à leur tiers inférieur; ensuite vient un anneau noir, et leur extrémité est'
fauve. Aux parties blanchâtres, ces deux sortes de poils sont blancs. Sur le museàu
et les membres , ils sont ras; mais sur les tarses ils sont dirigés en arrière et
forment, à la partie postérieure de cette partie du pied, comme une sorte' de
brosse. .
Le froid fait blanchir le pelage des Lièvres. En Laponie, ces animaux ne
reprennent leur pelage ordinaire que durant les mois d’été , et il y en a oui
restent toujours blancs, par l’effet de la maladie albine.
Dés la première année de leur vie, les Lièvres sont en état d’engendrer. Les
femelles portent trente jours, et mettent au monde , suivant leur âge et" leur
force, de deux à quatre ou cinq petits, qui naissent couverts de poils et les
yeux ouverts, et que leur mère allaite pendant une vingtaine de jours. Comme
nous l’avons déjà dit pour le Lapin, les Lièvres femelles peuvent être doublement
fécondées, et mettre des petits au monde entièrement développés lorsqu’elles
en portent d’autres à l’état de foetus : ce qui tient d’abord à ce que
chaque corne de leur matrice a un orifice particulier dans le vagin, et à la faculté
qu’elles ont reçue d’entrer en rut dès que l’une des cornes n’a pas été fécondée-
phénomène bien digne de remarque, lorsque nous voyons que l’allailemenf seul’
chez d’autres espèces, suffit pour empêcher que le besoin de l’accouplement ne
se fasse sentir. Dés que lés Levrauts ne tètent plus, ils quittent leur mère, et
s’éloignent l’un de l’autre pour se choisir un gîte solitaire, où ils passent le jour
à dormir : c’est la nuit qu’ils pourvoient à leurs besoins de toute espèce. Ils se
nourrissent des jeunes pousses de certains arbres, et recherchent le thym et le
serpolet, qui donnent à leur chair une saveur fort agréable ; et en hiver ils
rongent l’écorce des arbres. Us changent de gîte suivant les saisons ; et savent les
choisir de manière à s’abriter du soleil en été, et à en recevoir les douces influences ■
lorsque les frimas couvrent la terre ; ils se cachent même alors dans les taillis et
au fond des bois. C’est dans les trois premiers mois de l’année qu’ils éprouvent
chez nous, où ils ne sont jamais privés de nourriture, les plus pressants besoins