| L’APÉRÉA DOMESTIQUE,
autre, doués de la faculté génératrice. Dès que les petits ont six semaines ou deux
mois, ils s’accouplent; la gestation dure vingt ou trente jours suivant les uns, et
soixante-cinq suivant Legallois, et la portée est de quatre, six, huit, douze petits,
ce qui dépend de l’âge et de la force des individus : il est aisé de voir par là quen
effet, domine le dit Buffon, avec une seule couple on pourrait avoir plusieurs
centaines de Cochons d’Inde dans une année. C’est, au reste, si bien sur la propagation
que la conservation de ces animaux repose principalement, que ces
moyens de défense, dont nous les avons vus ne faire aucun usage contre des
ennemis étrangers à leur espèce deviennent pour les mâles des armes puissantes,
dès qu’il s’agit de conquérir une femelle et d’écarter d’importuns rivaux.
Ces animaux, dont les formes sont aussi lourdes, aussi épaisses que intelligence
naissent revêtus de poils et les yeux ouverts, et n’ont acquis leur entier
accroissement qu’après huit ou neuf mois; ils tettent pendant douze ou quinze
jours, et sont alors chassés par le mâle, qui couvre de nouveau sa femelle. Dès
que celle-ci a mis bas, l’orifice externe du vagin se colle ainsi que nous 1 apprend
encore Legallois, et il en est de même immédiatement après la copulation. Ce
qui exige dans chaque accouplement de nouveaux efforts du mâle.
L’Apéréa sauvage offrira sans doute quelques traits de caractère différents de
ceux que nous présente le Cochon d’Inde; car il est impossible que la domesticité
ne l’ait pas modifié sous ce rapport comme elle l’a fait sous celui des couleurs
et de la taille. Les races soumises ont sûrement été réduites très-anciennement
à cet état, et par les indigènes de l'Amérique méridionale; car nous voyons,
par les peintures originales d’Aldrovande, que nous avons eues entre nos mains,
que déjà vers le milieu du seizième siècle, c’est-à-dire un demi-siècle après la
découverte du Nouveau-Monde, le Cochon d’Inde avait ces couleurs blanches,
rouges et noires que nous lui voyons aujourd’hui : alors donc il avait déjà éprouve
toutes les modifications dont il était-snsceptiblc, car deptns-deux siècles et demi il
n’en a point éprouvé d’autres. En effet, ce sont encore ces couleurs qui se partagent
le pelage de -cet animal, mais irrégulièrement, et par larges taches qui
varient pour la disposition et l’étendue d’un individu à l’autre. Ce pelage e ÿ lisse
et ras; ce qui vient de ce que les poils sont courts, assez durs, très-serrés les uns
contre les autres, et tous soyeux. Les parties nues sont couleur de chair, ainsi que
la peau recouverte par les poils; et le cercle de l’iris est brun.
Quoique naturalisé au milieu de nous, le Cochon d’Inde ne l’est point encore
avec notre climat. Nous ne parvenons à le conserver qu’en le garantissant du froid
et de l’humidité. Lorsque la température s’abaisse, et que plusieurs de ces animaux
sont ensemble exposés à ce changement, ils se réunissent, se pressent les uns contre
les autres, et cherchent ainsi à conserver de la chaleur; mais cette ressource est
faible, et pour peu que le froid continue, ils périssent bientôt. La curiosité parait
être, au reste, le seul motif qui puisse porter à en nourrir et à en conserver;
car ils ne sont point un manger agréable, et leur peau n’a aucune valeur; on dit
que leur chair a le goût de celle du Lapin clapier; et celui-ci du moins, tout en
exigeant peu de soins, donne des poils que le commerce et 1 industrie recherchent.
La manière de vivre de ces animaux est celle de tous les Rongeurs à dents molaires
sans racines distinctes. Ils se nourrissent exclusivement de substances végétales, à
moins qu’une dépravation de leur appétit, causée par l’esclavage ou la faim, ne les
porte à manger de la chair, comme les Vaches en Islande, qui se nourrissent de
OU LE COCHON Ç ’INDE. 3
poissons secs faute d’autre nourriture; et quoique dépourvus de clavicules, ils portent
leurs aliments à leur bouche avec leurs mains; ils boivent en lapant, mais assez
rarement : de là est venu le préjugé qu’ils ne boivent jamais, et l’usage où l’on est
communément de ne point leur donner d’eau; privation qu’ils supportent sans trop
souffrir lorsqù on les nourrit d’herbes fraîches, mais qu’ils doivent supporter difficilement
durant l’hiver, où ils n’ont plus à manger que du son ou d’autres substances
analogues. Leur voix diffère suivant leur situation : lorsqu’ils éprouvent du contentement,
elle ressemble à un murmure continu assez doux; s’ils sont effrayés,
elle devient fort aiguë, en rendant l’articulation coiii; et ils expriment leurs désirs’
par un léger grognement, qui sans doute leur a valu le nom impropre qu’ils portent.
Voici les principales dimensions auxquelles ces animaux atteignent, et qui sur-
passent généralement celles de la race sauvage :
Longueur du corps,-de la queue à la nuque. . . ........................................................
de la tè te, de la nuque au bout du museau........................................................ a JO
Hauteur au train de devant................................................
-------------------— ■ de d er r iè re......................................................................... q
Lindividu qui a servi à mon dessin était encore fort jeune, et n’avait point
acquis toute sa taille.
Je réserverai pour l’article de l’Apéréa sauvage tout ce que j ’aurais à dire sans
cela sur les organes d’un ordre supérieur, qui servent de fondement aux caractères
génériques, et sur la synonymie de l’espèce.
LApér-éa était la seule espèce d’Anoéma ( nom que j ’ai donné à ce genre
lorsque je lai formé) qui jusqu’à présent fût connue; mais il en existe une qui
était restée cachée, et qui est d’un tiers plus grande que la première. Le Muséum
des Chirurgiens de Londres en possède le crâne depuis long-temps; c’est là où,
en 1814 , j ’en pris la première idée : déslors elle a été envoyée du Brésil au
Muséum d’Histoire naturelle, où M. Geoffroy Saint-Hilaire lui a donné le nom
à? Hilaria.
Le Cochon d’Inde était le Cavia Cobaya des Catalogues méthodiques.