LE MULOT NAIN.
R i e n n’est plus obscur que l’histoire des petites espèces du genre Rat, et plus
difficile à fixer d’une manière précise que leurs caractères distinctifs. Presque
semblables par les formes et les proportions, peu différentes par la taille, de
couleurs à peu prés les mêmes, on ne trouve point d’expressions propres-à
rendre clairement les nuances légères par lesquelles elles se caractérisent. Le
Mulot est un exemple de la difficulté de ce sujet : quoiqu’il habite au milieu de
nos champs et de nos bois, qu’il s’y montre en abondance, et qu’on puisse .l’étudier
facilement, puisqu’il ne sait éviter aucun des pièges qu’on lui tend, on n’a point
encore décidé si les animaux qui ont été désignés par ce nom, et que l’on regarde
généralement comme des individus d’une seule et même espèce, n’appartiennent
pas en réalité à deux espèces différentes. Buffon (tom. VII, pag. 315) a tranché
la difficulté en regardant les différences des petits et des grands Mulots comme
des différences accidentelles et des variétés, et cette explication pourrait avoir
quelque apparence de fondement, si dès lors on n’eût pas reconnu deux ou trois
autres espèces de Rats qui ne diffèrent pas plus l’une de l’autre et du Mulot, que
les. grands et les petits individus de cette espèce ne diffèrent entre eux, à en
juger du moins par ce que l’on en connaît. Pour ne parler que de ces derniers,
Daubenton nous apprend que les grands Mulots, qu’il appelle Mulots des bois_, ont
de longueur, depuis le bout du museau jusqu’à l’anus, quatre pouces deux lignes*
leur tête a un pouce deux lignes, et leur queue quatre pouces six lignes. Les
petits Mulots ou Mulots des champs ont le corps de trois pouces cinq lignes de
longueur, la tête d’un pouce, et la queue de deux pouces onze lignes. La différence
dans les mesures de la queue, comparées à celles du corps, sont surtout
remarquables : la queue du Mulot des bois a quatre lignes de plus que le corps5
tandis que celle du Mulot des champs a six lignes de moins. Il faudrait assurément
des observations plus positives que celles qu’on possède, pour faire regarder de
telles différences comme de simples accidents. Quoi qu’il en soit, le petit animal
que je donne sous le nom de Mulot nain appartient à cette famille de Rats dont
les parties supérieures du pelage sont fauves, et les parties inférieures blanches*
sous ce rapport; il ne diffère pas du Mulot proprement dit, mais il en diffère
beaucoup par la taille : il a
Pieds. Pouces. Lignes.
De l’occiput à l’origine de la queue............................................................. » . . . . i . . . . g . . . .
-— au bout du museau » . . . . i . . . . » ..........
Et sa queue a. » . . . . a . . . . » . . . .