a LA FOUINE.
l’origine de la queue, est d’un pied environ3 sa tête a quatre pouces5 sa queue huit,
et elle a sept pouces de hauteur au train du devant 3 celui de derrière est de quelques
lignes plus élevé.
Toutes les parties supérieures de son corps, la tête exceptée, sont de la couleur
qu’en peinture on désigne sous le nom de bistre 3 le museau est plus pâle que ne
le sont le cou et le dos 3 les pattes et la queue, surtout à sa moitié postérieure, sont
d’un marron presque noir 3 le ventre et la partie postérieure de la poitrine sont blonds 3
la mâchoire inférieure, le dessous du cou et le devant de la poitrine sont du plus beau
blanc. Quelques petites taches irrégulières se remarquent sur la partie blanche de la
naissance du cou.
Ces couleurs résultent d’un pelage composé de deux sortes de poils, l’un laineux
très-épais, très-doux et d’un gris blanchâtre, mais qui ne se trouve ni sur la tête, ni
sous le cou, ni sur les pattes3 l’autre soyeux, lisse, brillant et long, bien plus rare
que le premier, qui a sa moitié inférieure grise sur toutes les parties brunes, et d’une
seule couleur sur les parties blanches. On voit entre ces poils le duvet qui recouvre
la peau, et qui, dans certaines situations de l’animal, diminue beaucoup la teinte
de son pelage.
Les glandes de l’anus qui sécrètent chez le Putois une matière si infecte, en
produisent chez la Fouine une qui a l’odeur du musc.
La Fouine est un animal très-carnassier, et qui a le naturel sanguinaire, propre
à toutes les espèces de cet ordre j mais soit par le fait de son intelligence, qui
lui apprendrait à se soustraire aux dangers que le voisinage de l’homme peut lui
faire courir, tout en se rapprochant de lui à cause des nombreux avantages qu’elle
y trouve, soit qu’un instinct aveugle seul la pousse à rechercher les lieux habités
et à s’y cacher dans les retraites les plus solitaires et les plus obscures, elle porte
beaucoup moins loin que d’autres espèces le naturel sauvage plus ou moins propre
à toutes. La Fouine se rencontre cependant aussi dans les forêts : elle vit solitaire,
passe la journée dans sa retraite, où elle dort d’un sommeil assez léger, et c’est
la nuit qu’elle pourvoit à ses besoins 3 alors elle cherche à s’introduire dans les
basse-cours , et si elle parvient à pénétrer dans le poulailler, si le colombier n’est
pas hors de ses atteintes, elle y fait de sanglans ravages et multiplie ses victimes
bien au - delà de ses besoins. Si elle a des petits elle leur porte une bonne portion
de sa chasse, et ne rentre dans son repaire que lorsque quelque bruit ou les premiers
rayons du jour l’avertissent que les dangers vont renaître, et que le repos
devient nécessaire.
On ne connaît point encore exactement les circonstances de la reproduction de
ces animaux. Les femelles se trouvent pleines dès les premiers jours du printems,
et l’on a lieu de croire qu’elles font plusieurs portées dans le courant de l’année,
et que la durée de la gestation est le même que celle des Chats. Ce qui est certain,
c’est qu’au bout d’un an les jeunes Fouines ont atteint tout leur développement.
Ce sont des animaux qui ne sont point du tout difficiles à apprivoiser 3 j’en
ai possédé plusieurs qui étaient de la plus grande familiarité et qui aimaient les
caresses 3 mais pour les modifier à ce point, il est nécessaire de les élever très-
jeunes. Lorsqu’ils étaient menacés, ils faisaient entendre un petit bourdonnement
sourd et continu, qiû éclatait en un aboiement très-aigu quand le danger augmentait
, et au même instant ils se précipitaient sur l'objet de leur effroi, s’ils ne
pouvaient pas le fuir.
LA FOUINE. 3
Ils mangent volontiers le miel et toutes les substances sucrées; mais ils ne vivent
véritablement que de viande, et la plus fraîche leur paraît toujours la meilleure.
Ce sont les oiseaux qui paraissent exciter le plus vivement leur appétit; aussi les
attrapent-ils avec autant d’adresse et d’agilité que les Chats. Ils attaquent de même
les Lievres, les Lapins et tous les petits Mammifères qui vivent dans nos habitations et
dans les champs, comme la Souris, le Rat, le Mulot, le Campagnol, la Taupe, etc., etc
et toujours par surprise; quoiqu’ils aient beaucoup de force pro.portionellement à leur
taille, ils sont moins portés à se reposer sur elle pour leur conservation, que sur leur
prudence et sur l’extrême agilité de leurs mouvemens 5 car ils ne s’élancent pas avec
moins de promptitude, ne glissent pas avec moins de souplesse, ne s’insinuent pas
avec moms de facilite, n’évitent pas les dangers avec moins d’adresse que le Furet,
le Putois ou la Belette, dont nous avons parlé dans nos livraisons précédentes.
Mars, 1823.